La République démocratique du Congo (RDC) s'offre un rare succès macroéconomique. Porté par une forte hausse des réserves de change et par une politique monétaire resserrée, le franc congolais a gagné près de 29% face au dollar depuis le début de l'année, devenant avec le cedi ghanéen les monnaies africaines les plus performantes, selon les données compilées par Bloomberg.
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Dans son discours sur l'état de la nation, prononcé ce 8 décembre, le président Félix Tshisekedi a annoncé une progression de 21% des réserves de devises, désormais évaluées à 7,4 milliards de dollars. Cette amélioration s'inscrit dans un contexte porteur pour le pays, premier producteur de cuivre du continent, qui profite d'une envolée de 32% du prix du métal. La demande accrue des centres de données et des véhicules électriques dope les cours, alors que l'offre mondiale reste limitée.
Pour le chef de l'État, cette appréciation marque un tournant économique. ‘'L'appréciation du franc par rapport au dollar a apporté une stabilité que notre peuple n'a pas connue depuis de nombreuses années'', a-t-il déclaré.
Une politique monétaire proactive qui limite la liquidité
Selon Sayen Gohil, analyste chez BMI, une filiale de Fitch Solutions, la robustesse de la monnaie congolaise s'explique largement par une stratégie monétaire stricte visant à réduire la liquidité en francs. La Banque centrale du Congo a notamment injecté 50 millions de dollars en août pour racheter des francs, ce qui a déclenché le mouvement d'appréciation à partir de septembre.
Le gouverneur Andre Wameso estime que l'institution dispose encore d'une marge suffisante pour piloter le marché sans intervention massive. ‘'Pour l'instant, il n'y a aucune raison d'intervenir'', a-t-il assuré lors d'un entretien à Washington.
Le cuivre et la stabilité régionale au cœur des perspectives
La dynamique du franc ne suffira toutefois pas à orienter les flux d'investissement vers la RDC. Pour les analystes, les principaux déterminants resteront l'évolution des cours du cuivre, les avancées diplomatiques régionales et les projets logistiques structurants.
Selon BMI, cité par Bloomberg, la mise en œuvre de l'accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda pourrait soutenir un climat économique plus stable, tandis que le développement du corridor de Lobito devrait réduire les coûts et délais d'exportation des minerais congolais, notamment vers les États-Unis.
La Rédaction
Publié le 09/12/25 09:46