Le Gabon vise 30% du capital de sa seule usine pharmaceutique pour relancer la production locale

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Le gouvernement gabonais a annoncé son intention d'acquérir 30% du capital de La Santé Pharmaceutique (LSP), unique usine de fabrication de médicaments génériques implantée dans la zone économique spéciale de Nkok, près de Libreville. Cette décision vise à renforcer les capacités de production nationale, dans un contexte de forte dépendance aux importations et de défaillances persistantes dans la chaîne d'approvisionnement en médicaments.

Inaugurée en novembre 2020, l'usine, fruit d'un investissement privé de 20 milliards FCFA, a été conçue pour produire des comprimés, gélules, pommades et sirops destinés au marché local et à celui de la sous-région d'Afrique centrale. Malgré une autorisation de mise sur le marché pour 40 produits et une exclusivité nationale sur une vingtaine de molécules essentielles, ses activités tournent aujourd'hui au ralenti.

Selon les données recueillies par nos confrères de Gabon Media Time, l'entreprise n'a généré que 4 millions FCFA de chiffre d'affaires en 2024, pour des charges mensuelles dépassant les 100 millions FCFA. Sur les 300 emplois initialement projetés, seuls 85 sont encore pourvus. Et près de 500 millions FCFA de produits restent invendus dans les entrepôts, faute de circuits de distribution efficaces.

Face à cette situation, l'État gabonais entend agir. ‘'Il serait absurde que l'État ne fasse rien. L'État a décidé de rentrer à 30% dans le capital de cette entreprise pour respecter la logique d'une utilisation beaucoup plus transparente, rationnelle et efficace des deniers publics'', a déclaré Théophane Nzame-Nze Biyoghe, porte-parole de la présidence, lors d'une conférence de presse tenue le 4 juillet dernier.

Pour le gouvernement, il s'agit de redonner vie à un outil industriel stratégique. ‘'Si l'État mobilise des fonds pour rentrer au capital d'une telle entreprise, c'est parce que derrière, il y a quand même un projet'', a-t-il insisté, sans préciser le montant que l'Etat gabonais compte mobiliser pour finaliser cette acquisition, ainsi que les délais impartis pour cette opération.

Nzame-Nze Biyoghe reconnaît qu'il existe des obstacles. ‘'Il n'y a pas une absence de politique publique. Il y a peut-être des questions de timing à régler quant au déploiement de ces politiques'', a-t-il concédé, avant d'ajouter : ‘'Quand l'État décide d'entrer dans le capital d'une société, c'est certainement pour y apporter sa touche, pour mieux encadrer et soutenir l'activité de cette entreprise.''

L'usine, fondée en 2017 par deux investisseurs indiens — Purshotam Kumar Hissaria et Rajeev Lila — à travers les sociétés Sante Triumph LLP (Inde) et Shanah Investments LTD (Dubaï), est aujourd'hui en quête de relance. Avec ses 25 000 m² de superficie et son potentiel de couverture régionale, elle représente un outil clé dans l'architecture sanitaire de l'Afrique centrale.

Les produits fabriqués localement par LSP sont 40% moins chers que ceux importés, tout en respectant les normes pharmaceutiques internationales. Pourtant, leur faible intégration dans les commandes publiques et l'absence de débouchés institutionnels compromettent leur viabilité.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 16/07/25 19:58

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