Le Ghana franchit en cette fin d'année 2025, une étape déterminante dans sa stratégie de redressement macroéconomique. En effet, le ministère en charge des Finances annonce dans un communiqué publié ce 31 décembre, avoir procédé au ‘'règlement intégral d'un Eurobond de 790 millions de dollars (440 milliards FCFA) arrivé à échéance''. Toute chose qui confirme la volonté d'Accra de tourner la page de la crise de la dette qui avait fragilisé sa crédibilité financière ces dernières années.
Cette opération porte ainsi à 1,4 milliard de dollars, soit 780 milliards FCFA, le montant total des paiements effectués par le Ghana sur l'année 2025, au profit des détenteurs d'eurobonds, dans le cadre du mémorandum de restructuration négocié avec les créanciers internationaux. Dans le détail, elle inclut deux versements antérieurs de 534,52 millions de dollars chacun, auxquels s'ajoute ce règlement majeur de fin d'année. Pour les autorités, il s'agit d'un signal clair : le Ghana respecte désormais ses engagements selon un calendrier prévisible et transparent.
Un signal fort aux investisseurs
Au-delà du montant, c'est la symbolique du paiement à l'échéance qui retient l'attention des marchés. Dans un contexte africain marqué par des restructurations de dette complexes et parfois prolongées, Accra entend se distinguer par une discipline budgétaire retrouvée. Le ministère des Finances souligne que ce règlement ‘'réaffirme la crédibilité du Ghana en tant qu'emprunteur souverain'' et s'inscrit dans une stratégie de restauration progressive de la confiance des investisseurs.
Cette crédibilité est un actif stratégique. Elle conditionne non seulement l'accès futur aux marchés internationaux de capitaux, mais aussi le coût du financement pour l'État et, par ricochet, pour l'économie dans son ensemble. Pour un pays dont la croissance dépend fortement de l'investissement, la normalisation de la relation avec les créanciers est un préalable incontournable.
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Fort de cette avancée, le gouvernement ghanéen entend accélérer les réformes structurelles, notamment dans trois domaines clés. Il s'agit de la mobilisation des recettes intérieures, afin de réduire la dépendance à l'endettement externe ; la gestion des finances publiques, pour mieux maîtriser les dépenses ; et la gestion de la dette publique, afin d'éviter les déséquilibres passés.
Les autorités annoncent également le renforcement des amortisseurs budgétaires, indispensables pour faire face aux obligations de service de la dette, tout en finançant durablement l'agenda de développement. L'enjeu est clair : concilier rigueur macroéconomique et priorités sociales dans un contexte encore marqué par des attentes élevées de la population.
Une reprise économique encore fragile, mais en voie de consolidation
Dans son communiqué, le gouvernement n'a pas manqué de saluer le soutien et la patience du peuple ghanéen, soulignant que les efforts consentis ont été déterminants pour amorcer la reprise économique. Accra appelle également à la poursuite de la coopération et de la compréhension, alors que de nouvelles réformes sont attendues en 2026 pour consolider les acquis de 2025.
En honorant cet eurobond de 790 millions de dollars, le Ghana envoie donc un message clair : celui d'un État résolu à rétablir sa signature financière et à s'inscrire durablement sur une trajectoire de stabilité. Le taux d'inflation annuel est demeuré dans un ralentissement pour le 11e mois consécutif à 6,3% au mois de novembre, contre 8% en octobre, principalement en raison d'un taux de change plus favorable. En réalité, les prix plus élevés de l'or et du cacao, dont le pays est respectivement le premier et deuxième producteur africain, ont contribué à renforcer le cedi (monnaie locale) cette année.
Il convient de relever que le Fonds monétaire international (FMI) avait annoncé le 17 décembre dernier, un décaissement immédiat d'environ 385 millions de dollars, soit 215,5 milliards FCFA, pour soutenir l'économie ghanéenne. Cette décision prise, à l'issue de l'achèvement de son 5e examen de l'accord de Facilité élargie de crédit (FEC) conclu avec Accra, a porté à près de 2,8 milliards de dollars, le total des ressources déjà mobilisées dans le cadre de cet accord de 3 milliards USD sur 39 mois, approuvé en mai 2023.
Narcisse Angan
Publié le 31/12/25 11:46