Le gouvernement ghanéen engage un virage décisif dans sa politique pétrolière. En effet, le ministre en charge de l'Énergie, John Abu Jinapor, a annoncé la résiliation prochaine de tous les accords pétroliers inactifs n'ayant pas respecté les obligations minimales de travaux. Cette décision marque la volonté du Ghana de mettre fin à une ère d'inefficience et de blocage des ressources énergétiques, afin de dynamiser un secteur en quête de relance.
L'annonce a été faite à Takoradi, à l'ouverture de la Conférence et exposition sur le contenu local pétrolier 2025, placée sous le thème ‘'Revitaliser le secteur de l'exploration et de la production pétrolières du Ghana : stimuler l'innovation et redéfinir le contenu local pour une économie énergétique compétitive'', rapporte des sources locales. L'événement a réuni des représentants d'entreprises, des investisseurs et des responsables publics d'une vingtaine de pays.
Le ministre Jinapor a été catégorique : ‘'Le cycle des prolongations successives des accords pétroliers doit appartenir au passé. Aucun opérateur ne sera autorisé à conserver des blocs sans activité significative''. Le gouvernement prévoit ainsi d'engager sans délai la résiliation des accords dormants. Le ministre a précisé avoir demandé à la commission du pétrole de soumettre un document consultatif à cet effet au conseil des ministres, afin d'assurer une utilisation productive des ressources du pays.
Cette politique s'inscrit dans un contexte où le Ghana cherche à restaurer la confiance des investisseurs après plusieurs années marquées par des lenteurs administratives et des licences incomplètes. Ces dysfonctionnements ont entraîné une baisse de 25% de la production et une chute de 50% des recettes pétrolières, selon le ministre, minant la crédibilité du pays sur le marché international.
Malgré ces difficultés, le Ghana attire de nouveau l'attention des grands acteurs mondiaux. Selon Emeafa Hardcastle, directrice générale par intérim de la Commission du pétrole, des discussions avancées sont en cours avec Shell pour la signature d'un nouvel accord portant sur le bloc South Deep-Water. Trois autres grandes compagnies pétrolières et une société indépendante ont également manifesté leur intérêt.
Dans le même temps, les partenaires des champs Jubilee et TEN – Tullow et Kosmos – ont confirmé des investissements additionnels de 2 milliards de dollars, tandis que Eni a signé un protocole d'accord pour injecter 1,5 milliard de dollars supplémentaires dans les blocs OCTP et Bloc 4. L'objectif est d'augmenter la production de gaz de 240 à 350 millions de pieds cubes par jour d'ici 2028, renforçant ainsi la sécurité énergétique nationale. Avec cette offensive de réformes, le Ghana espère restaurer la confiance des investisseurs et repositionner son secteur pétrolier sur la trajectoire de la croissance. Entre rationalisation des accords inactifs, attraction de nouveaux partenaires et valorisation du contenu local, le pays affiche désormais sa détermination à devenir une plateforme énergétique compétitive et durable en Afrique de l'Ouest.
Narcisse Angan
Publié le 05/11/25 16:25