Le Nigeria a décidé d'augmenter de façon significative la fiscalité appliquée aux investisseurs étrangers en triplant l'impôt sur les plus-values issues de la vente d'actions. À partir de janvier, le taux passera de 10 % à 30 % pour toute cession réalisée par des non-résidents, sauf si les gains sont réinvestis dans d'autres titres nigérians, qu'ils soient cotés ou non. Cette réforme s'inscrit dans une nouvelle loi fiscale visant à élargir la base des recettes publiques et à réduire le déficit budgétaire.
Concrètement, cette décision signifie qu'un investisseur étranger qui revend des actions avec un bénéfice verra son impôt tripler. Par exemple, pour un gain de 30 millions de nairas, il devait auparavant verser 3 millions au fisc nigérian. Avec la nouvelle mesure, il en paiera 9 millions. Ce changement pourrait modifier le comportement d'une partie des investisseurs étrangers, certains cherchant à sécuriser leurs gains avant l'entrée en vigueur du nouveau régime.
La décision intervient alors que la bourse nigériane connaît une forte dynamique. Elle figure parmi les dix marchés les plus performants au monde cette année, avec un rendement de 39 % en monnaie locale et de 47 % en dollars selon Bloomberg. Cette performance est largement portée par les réformes économiques mises en œuvre depuis 2023 sous la présidence de Bola Tinubu. Le gouvernement a supprimé progressivement les subventions énergétiques, libéralisé les mouvements de la monnaie et permis à la banque centrale de mener une politique monétaire plus orthodoxe. La refonte de la fiscalité vient compléter ce programme de transformation.
Les autorités défendent cette réforme en expliquant que les investisseurs étrangers pourront bénéficier de crédits d'impôt dans leur pays d'origine lorsqu'il existe des conventions de double imposition. Elles estiment que la mesure n'est pas pénalisante, mais qu'elle permettra au pays de mieux capter une partie des bénéfices générés sur son marché.
Les investisseurs étrangers ont représenté 21 % des transactions sur la bourse nigériane au cours des huit premiers mois de l'année, pour un volume de 1 450 milliards de nairas, soit environ 989 millions de dollars. Certains spécialistes préviennent toutefois que l'impact dépendra des accords fiscaux en vigueur avec chaque pays. En l'absence de conventions adaptées, cette hausse pourrait rendre le marché moins attractif pour une partie des investisseurs internationaux.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 07/10/25 14:15