Le PAPSS et Interstellar conçoivent une plateforme pour échanger directement les devises africaines

ISIN : BRVMC0000000 - Ticker : BRVMC

Et si demain, les entreprises africaines n'avaient plus besoin du dollar ou de l'euro pour commercer entre elles ? Si une compagnie aérienne kenyane pouvait convertir ses nairas nigérians en shillings sans transiter par une devise forte ? Ce qui paraissait encore utopique hier devient réalité aujourd'hui. Le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), en partenariat avec Interstellar, vient de lancer une place de marché africaine des devises (PACM), véritable pivot d'un tournant historique dans l'intégration financière du continent.

5 milliards USD de perdus chaque année, bientôt de l'histoire ancienne ?

Depuis des décennies, l'inconvertibilité des monnaies africaines est un véritable mur invisible qui bride la dynamique économique du continent. L'Afrique compte 41 devises, mais très peu d'entre elles sont librement échangeables entre elles. Résultat, les entreprises doivent recourir à des devises étrangères, souvent le dollar, pour échanger avec un partenaire voisin.

Cette situation génère plus de 5 milliards de dollars de pertes annuelles selon les estimations officielles, à travers les frais de conversion, les délais de règlement, les capitaux immobilisés, et surtout, la perte de compétitivité.

PACM, une rupture technologique au service d'un objectif politique

La PACM, dévoilée en marge des assemblées annuelles d'Afreximbank à Abuja (juin 2025), offre une alternative radicale à cette impasse systémique en permettant aux entreprises africaines d'échanger directement leurs devises locales, via un carnet d'ordres transparent, sécurisé, en temps réel et conforme aux régulations nationales.

L'idée est de créer un pool de liquidité panafricain, où les monnaies du continent se rencontrent, s'échangent, et trouvent leur juste valeur, sans passer par un ‘'visa'' dollar ou euro.

‘'Votre monnaie locale n'est plus seulement un moyen d'échange, elle devient un vecteur d'opportunités'', résume Ernest Mbenkum, PDG d'Interstellar.

Une infrastructure panafricaine déjà bien en place

Derrière la PACM se trouve une architecture technique robuste. Depuis son lancement en 2022, PAPSS a déjà interconnecté 17 pays, 14 systèmes de paiement nationaux et plus de 150 banques commerciales. Ce réseau constitue la colonne vertébrale de la finance intra-africaine, sur laquelle la PACM s'insère comme une couche de marché monétaire intégrée.

‘'Nous avons compris que résoudre uniquement le problème des paiements ne suffisait pas'', affirme Mike Ogbalu III, directeur général de PAPSS. ‘'Il fallait aussi s'attaquer à celui de la convertibilité.''

Lors de la phase pilote, plus de 80 entreprises africaines ont pu réaliser des transactions dans 12 paires de devises, sans utiliser de devise forte. Un cas concret est celui de Kenya Airways, qui perçoit des nairas au Nigéria, peut désormais les convertir directement en shillings kenyans, avec un règlement quasi instantané. Autre exemple, ZEP-RE (compagnie panafricaine de réassurance), qui peut désormais transférer ses primes entre pays sans dépendre du système SWIFT ni des devises étrangères.

Les gains sont multiples : temps de règlement réduit de plusieurs semaines à quelques secondes ; suppression des spreads de conversion via devise pivot ; libération de capitaux bloqués, estimés à plus de 2 milliards USD pour les compagnies aériennes opérant en Afrique ; conformité renforcée, avec une technologie blockchain autorisée, interopérable et auditable.

Une boussole continentale pour la ZLECAf

Au-delà des flux monétaires, c'est toute la philosophie de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui trouve ici une concrétisation opérationnelle. La PACM redonne de la puissance de feu monétaire à une ambition politique trop souvent bridée par la dépendance financière.

En permettant le commerce en monnaies locales, le continent renoue avec une logique de souveraineté. Il devient capable d'internaliser ses échanges, de réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs, et de construire un espace monétaire fonctionnel sans fusion monétaire immédiate.

La portée de cette initiative dépasse de loin les cercles financiers. Elle touche à la psychologie monétaire africaine. Elle affirme que les monnaies africaines, longtemps considérées comme faibles, peuvent être valorisées dans un cadre transparent et équitable, où l'offre et la demande déterminent les taux, plutôt que des taux administrés ou des intermédiaires extérieurs.

La Rédaction

Publié le 07/07/25 16:21

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

ACTUALITES RELATIVES
07/07/2025 Le Ghana mise sur l'assemblage local de tracteurs pour dynamiser son agriculture
07/07/2025 Le Mali renforce sa résilience urbaine avec un financement additionnel de 31,55 milliards FCFA
07/07/2025 Nigéria : La Banque centrale décrète la fin de l'indulgence et le retour de la rigueur réglementaire
07/07/2025 Le Nigéria se prépare à accroître sa production de pétrole brut grâce à Petralon Energy
07/07/2025 Sénégal : 40 milliards FCFA de la BOAD pour renforcer la vidéosurveillance dans Dakar, Diamniadio et Saly
07/07/2025 Côte d’Ivoire : La BNI, première institution bancaire à accéder au Fonds vert pour le climat
07/07/2025 Sénégal : Le FMI, un partenaire jadis " chahuté ", aujourd’hui tant attendu