Les pays en développement pris au piège de l’endettement

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Aux lendemains de la survenue de la pandémie de Covid-19, de conflits géopolitiques et de diverses crises internes, la proportion des recettes propres que les pays à faible revenu médian consacrent au service de la dette extérieure a considérablement augmenté. En 2023, elle s'est établie à environ 14%, contre 6% en 2013, soit plus du double de son niveau il y a une décennie, selon la Banque mondiale.

Parallèlement, les remboursements de la dette à court terme ont triplé après des années d'emprunts massifs, passant d'une moyenne annuelle de 20 milliards de dollars en 2010 à environ 60 milliards de dollars en 2020. Cette augmentation des obligations financières pèse lourdement sur les économies fragiles.

Cette évolution est imputable en partie au volume important d'emprunt et à l'augmentation rapide des taux d'intérêts des emprunts des pays africains, qui est passé de 4,4% en 2010 à 9,2% de leurs recettes publiques en 2023, selon un rapport de la CNUCED intitulé ‘'Un monde de dettes : Un fardeau de plus en plus lourd pour la prospérité mondiale'' publié le 4 juin dernier. Ce même rapport souligne que le nombre de pays africains dont le ratio dette/PIB dépasse 60% est établi à 27 en 2023 contre 6 en 2013.

Par exemple, au Bénin, le service de la dette s'est élevé à environ 500 milliards FCFA au premier semestre 2024, soit plus de 50% des recettes publiques ; ressources qui devraient en principe être allouées aux investissements et aux dépenses publiques courantes. De même, la Côte d'Ivoire devra, en 2024, consacrer 6,8 milliards de dollars (environ 4 036,9 milliards FCFA) au service de la dette, ce qui représente près de 52% de ses ressources budgétaires propres (hors dons).

Pis, face à l'important niveau d'endettement du Ghana, le pays s'est retrouvé en défaut de paiement et a suspendu, en décembre 2022, le règlement de la majeure partie de sa dette extérieure. Cette situation a conduit Accra à engager des négociations pour la restructuration de sa dette en faveur du cadre commun du G20. Ainsi, en mars 2024, le gouvernement a également entamé des négociations formelles avec les détenteurs de ses euro-obligations, portant sur la restructuration d'environ 13 milliards de dollars de dettes.

Ce niveau préoccupant du service de la dette, qui réduit drastiquement les marges budgétaires pour financer des investissements indispensables, expose de nombreux pays en développement à des risques accrus de crise de la dette. Une telle situation pourrait entraîner de sévères conséquences sur la croissance économique, la création d'emplois et l'aggravation de la pauvreté.

Malgré la mise en œuvre de programmes d'allègement de la dette, tels que l'initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) et les efforts de restructuration de la dette initiés dans plusieurs pays, les institutions de Bretton Woods avertissent que ‘'si rien n'est fait pour réduire ces pressions sur les liquidités, de nombreux pays vulnérables pourraient rencontrer des problèmes de solvabilité, freinant ainsi la croissance économique et l'emploi.''

Par ailleurs, dans ce contexte, où depuis des décennies, certains pays en développement consacrent une part importante de leurs ressources propres aux paiements des intérêts de la dette se dessine un véritable cercle vicieux de l'endettement extérieur. Ce phénomène pose de manière aiguë la question de la gestion de la dette et d'un changement de paradigme ainsi que de l'érosion des marges de manœuvre budgétaires qui amenuise les investissements publics.

Dongo Henri

La Rédaction

Publié le 06/09/24 16:11

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