Au Mali, où près de la moitié de la population vit encore dans des zones rurales faiblement desservies, l'accès au numérique demeure l'un des principaux leviers de développement économique et social. C'est dans ce contexte que la Société financière internationale (IFC) annonce un investissement majeur aux côtés d'Orange Mali, destiné à moderniser le réseau et à étendre la couverture internet haut débit de manière inclusive.
L'opération, d'un montant total de 80 millions d'euros, soit environ 52 milliards de FCFA, permettra l'installation de 300 nouvelles antennes 4G et l'extension du réseau de fibre optique vers trois cent mille foyers et petites entreprises. Une décision stratégique pour un pays où l'accès numérique conditionne désormais l'accès aux services publics, à l'éducation, au financement et aux opportunités économiques.
Un investissement structurant pour réduire la fracture numérique
La moitié des nouvelles antennes sera implantée dans les zones rurales, où les disparités d'accès restent les plus fortes. Pour l'IFC, le numérique est devenu un pilier incontournable de la croissance inclusive. L'institution engage 50 millions d'euros en provenance de ses propres ressources, complétés par 30 millions d'euros mobilisés auprès de la Banque ouest-africaine de développement.
Le financement est structuré sous la forme d'un prêt social, un instrument destiné à garantir que le déploiement des infrastructures bénéficie prioritairement aux populations exposées au risque d'exclusion numérique. L'opération est également soutenue par la Fenêtre du secteur privé de l'Association internationale de développement, qui permet de proposer des financements à long terme libellés en monnaie locale, un avantage rare dans la sous-région.
Cet investissement est le premier jalon d'un partenariat stratégique conclu entre IFC et Orange Middle East and Africa lors de l'Africa CEO Forum à Abidjan. À terme, 8 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre devraient bénéficier d'infrastructures numériques plus robustes.
L'inclusion des femmes au cœur du projet
Au-delà des infrastructures, le projet porte une ambition sociale forte. Orange Mali s'engage à ce qu'au moins 70% des bénéficiaires de ses programmes de formation numérique soient des femmes d'ici 2032. Un objectif majeur dans un pays où les femmes restent encore sous représentées dans les secteurs technologiques et dans l'accès à l'entrepreneuriat digital.
Pour l'IFC, l'autonomisation des femmes par le numérique fait partie des conditions essentielles pour construire une croissance durable au Sahel. Selon Fatoumata Sissoko Sy, responsable régionale d'IFC pour les infrastructures, le partenariat permettra de créer des emplois, de renforcer les compétences locales et d'accompagner une génération de femmes entrepreneures.
Ce projet s'inscrit dans la continuité de la stratégie numérique nationale, Mali Digital 2020, ainsi que de l'initiative Digital Economy for Africa du Groupe de la Banque mondiale, qui fait du numérique un accélérateur de création d'emplois.
Sur le plan environnemental, Orange Mali remplacera ses groupes électrogènes diesel par des installations solaires. Une transition qui devrait réduire de plus de 8 000 tonnes les émissions de carbone chaque année.
Pour la BOAD, ce partenariat traduit sa volonté d'appuyer l'intégration régionale et l'inclusion numérique, éléments centraux de son plan stratégique Djoliba. Dans un contexte où les écarts de connectivité freinent la transformation économique de l'UEMOA, l'institution considère le numérique comme un moteur vital de résilience et d'équité territoriale.
La connectivité n'est plus seulement une question d'infrastructures. Elle conditionne désormais l'accès au financement digital, à l'agrobusiness connecté, aux services publics, à l'information économique et aux outils d'éducation. En soutenant Orange Mali, IFC renforce l'un des écosystèmes les plus stratégiques pour le développement du pays.
Orange Mali, majoritairement détenue par Sonatel et membre du groupe Orange, compte plus de 12 millions d'abonnés. L'entreprise est l'opérateur dominant du marché malien, mais doit faire face à un défi majeur : offrir une connectivité équitable dans un territoire vaste, enclavé et marqué par d'importantes inégalités d'accès.
Avec plus d'un milliard de dollars engagés par l'IFC dans le Sahel au cours de l'année fiscale 2025, le numérique apparaît comme l'un des secteurs les plus porteurs pour soutenir la croissance, créer des opportunités économiques et contribuer à stabiliser les économies fragilisées.
En misant sur des financements en monnaie locale, sur des outils innovants comme les prêts sociaux et sur une stratégie d'expansion ciblée dans les zones rurales, l'institution multilatérale cherche à démontrer que la connectivité peut devenir un véritable instrument de transformation structurelle.
La Rédaction
Publié le 17/11/25 13:58