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Dans la grande ardoise des finances publiques, l'année 2024 a marqué un tournant encourageant pour l'UEMOA. Si les comptes restent encore dans le rouge, le déficit budgétaire de l'Union s'est sensiblement réduit. Une amélioration à saluer, même si la route reste longue pour atteindre les standards de soutenabilité fixés à 3% du PIB.
Les recettes budgétaires des huit pays membres de l'UEMOA ont atteint 22 396,6 milliards FCFA à fin décembre 2024, soit une hausse de près de 11% par rapport à 2023. En clair, les caisses de l'État se remplissent mieux, et c'est surtout grâce aux recettes fiscales (+11,3%) – l'impôt sur les sociétés, les taxes sur les salaires, ou encore la TVA – qui traduisent une économie plus dynamique.
Le taux de pression fiscale, c'est-à-dire la part des richesses nationales prélevée par l'État, est resté quasi stable, à 14,6%. Pour donner un ordre d'idée, cela signifie que pour chaque 1 000 FCFA générés dans l'économie, environ 146 finissent dans les coffres publics. Une pression encore modérée, comparée à la moyenne mondiale.
Mais tout n'est pas rose : les dons, souvent octroyés par des partenaires extérieurs, ont reculé de 8,3%, une baisse qui pousse les États à compter davantage sur leurs propres ressources.
Dépenses en progression… mais maîtrisée
Côté charges, l'UEMOA a dépensé 30 366,8 milliards FCFA en 2024, soit une hausse de 4,4%. Ce chiffre englobe à la fois le fonctionnement quotidien (les dépenses courantes) et les investissements dans les infrastructures ou le développement (dépenses en capital).
Les dépenses courantes ont augmenté à cause, notamment, de la hausse de la masse salariale dans la fonction publique (+6,8%) et du service de la dette (+16%). Quand un État emprunte, il doit rembourser avec des intérêts, comme n'importe quel particulier. Ces paiements deviennent une charge lourde, surtout en période de resserrement monétaire mondial.
Quant aux dépenses d'investissement, elles progressent de 7,8%, illustrant la poursuite des projets structurants dans les pays membres – routes, écoles, hôpitaux, énergie, etc.
Un déficit budgétaire qui s'allège
Résultat des courses : l'écart entre les recettes et les dépenses – le fameux déficit budgétaire – s'est établi à 6 853,6 milliards FCFA, soit 5,1% du PIB, contre 6,2% en 2023. C'est mieux, mais encore loin de la norme communautaire de 3%.
Pour financer ce déficit, les États ont levé 9 352 milliards FCFA sur le marché régional de la dette en 2024, en hausse de 6,9% par rapport à 2023. En parallèle, la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Sénégal sont allés sur les marchés internationaux émettre des eurobonds, pour un montant total de 2 663,9 milliards FCFA.
Ces obligations sont comme des reconnaissances de dettes en dollars ou euros que les investisseurs achètent, misant sur la capacité des pays à les rembourser plus tard avec intérêts. Dans le détail, la Côte d'Ivoire a levé 2,6 milliards de dollars, suivie du Bénin (750 millions de dollars) et du Sénégal (1,1 milliard de dollars).
À cela s'ajoutent des prêts auprès des banques commerciales étrangères, de la Banque mondiale (1 609,6 milliards FCFA), de l'Agence française de développement (293 milliards FCFA), et du FMI, qui a apporté 1 116,9 milliards FCFA via ses programmes d'appui aux pays.
Dr Ange Ponou
Publié le 08/05/25 12:43
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