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Un nouveau chapitre s'ouvre dans la querelle qui oppose l'État malien à la multinationale canadienne Barrick Mining. Lundi, un tribunal de Bamako a décidé de placer le complexe aurifère Loulo-Gounkoto sous administration provisoire, confiant sa gestion à Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé, pour une durée de six mois.
Une décision qui vient intensifier un conflit qui couve depuis des mois autour de la fiscalité et de la gouvernance de l'un des plus importants sites aurifères du pays.
Une décision contestée par Barrick
Barrick, qui considère cette action comme un coup de force, a immédiatement annoncé son intention de faire appel. ‘'Justice n'a été ni entendue, ni rendue'', a dénoncé Issaka Kéita, avocat de la société. Le groupe, ex-Barrick Gold, affirme que la décision survient dans un climat tendu, marqué par la suspension temporaire de ses activités depuis janvier 2025 et la saisie de trois tonnes d'or par les autorités maliennes.
Déjà, en novembre 2024, le gouvernement avait bloqué les exportations d'or de l'entreprise, aggravant un différend latent sur le paiement des impôts et la répartition des parts dans l'exploitation minière.
Une mine stratégique en pleine tourmente
Le complexe Loulo-Gounkoto est un pilier de l'activité de Barrick, représentant 14% de sa production mondiale. Autant dire que la suspension des opérations pèse lourdement sur les prévisions du groupe, qui a d'ailleurs retiré la mine de ses objectifs de production pour 2025.
Mais l'enjeu dépasse largement les frontières de l'entreprise. Avec un cours de l'or à des niveaux records, la mine pourrait générer jusqu'à 1 milliard de dollars de revenus sur une seule année. Le gouvernement malien, actionnaire du site, souhaite manifestement reprendre la main sur un actif stratégique, dans un contexte de renforcement de sa législation minière.
Un signal d'alarme pour les investisseurs ?
Depuis 2023, les autorités maliennes tentent de faire appliquer un nouveau code minier, qui prévoit une hausse des taxes et un accroissement de la participation de l'État dans les projets aurifères. En coulisses, des négociations sont toujours en cours pour adapter le contrat de Barrick à ces nouvelles règles. Mais la pression judiciaire et les tensions persistantes pourraient refroidir les investisseurs étrangers, déjà échaudés par le climat d'incertitude.
À noter que la licence minière de Barrick expire en février 2026. Le temps presse donc pour parvenir à un compromis.
Malgré les tensions, des gestes d'ouverture sont observés. Le gouvernement aurait autorisé Barrick à rapatrier 20% de ses bénéfices sur un compte bancaire international, une faveur qui ne bénéficie pas aux autres compagnies minières présentes au Mali. Un signe que la porte du dialogue reste entrouverte, même si le chemin vers une solution pérenne reste semé d'embûches.
La Rédaction
Publié le 17/06/25 11:11
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