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Dans un contexte de tension prolongée entre l'État malien et les grands groupes miniers, trois sociétés Somika SA, Faboula Gold et Bagama Mining ont signé ce 29 juillet, un protocole d'accord avec le gouvernement, officialisant leur adhésion au nouveau code minier adopté en août 2023. Cette annonce marque une première avancée concrète dans l'application d'un texte législatif qui a profondément reconfiguré les rapports de force entre l'État et les investisseurs privés.
Porté par les autorités de transition, le nouveau code vise à renforcer la souveraineté économique du pays en augmentant la part de l'État dans les projets miniers et en révisant les avantages fiscaux jusque-là accordés aux opérateurs. Cette réforme, bien que stratégique sur le plan budgétaire, a provoqué une onde de choc dans le secteur : plusieurs sociétés ont suspendu leurs activités ou ralenti leurs investissements, entraînant une baisse de 23 % de la production nationale d'or en 2024, à seulement 51 tonnes.
C'est dans ce climat tendu que le ministre des Finances, Alousseni Sanou, accompagné de son homologue en charge des Mines, a annoncé sur la télévision nationale la signature d'un accord avec les trois sociétés, dont Somika est majoritairement détenue (à 80 %) par le géant Endeavour Mining. Faboula Gold et Bagama Mining, deux opérateurs plus modestes, avaient débuté leurs productions en 2021, chacune avec seulement 500 kg d'or.
Bien que de petite envergure à l'échelle du secteur, ces entreprises incarnent aujourd'hui un signal politique fort : celui d'un retour progressif de la confiance entre l'État et certains investisseurs. ''La construction de la mine de Somika débutera six mois après la signature de l'accord, et la production commencera 18 mois plus tard'', a précisé le directeur général de la société, Abdoul Aziz.
Les projections financières donnent un aperçu du potentiel de ces projets : Somika prévoit un chiffre d'affaires annuel de 135 milliards de francs CFA sur dix ans d'exploitation. Faboula et Bagama tablent respectivement sur 50 et 75 milliards FCFA de revenus annuels, avec une durée de vie estimée à cinq ans chacune. Le gouvernement affirme que chaque entreprise générera environ 2 000 emplois directs et indirects.
Mais malgré ces avancées, les tensions restent palpables. Les géants comme Barrick Mining, continuent de contester les nouvelles règles du jeu. Le groupe canadien, principal producteur d'or au Mali, a suspendu ses opérations dans le complexe de Loulo-Gounkoto après le gel de ses exportations et l'arrestation de plusieurs dirigeants. Un contentieux a été ouvert devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), relevant de la Banque mondiale.
La Rédaction
Publié le 29/07/25 17:50
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