À l'heure où l'économie créative s'affirme comme un vecteur majeur de croissance inclusive sur le continent, la Société financière internationale (IFC) vient de poser un acte majeur. Pour la première fois, l'institution entre dans le secteur audiovisuel nigérian en annonçant un investissement dans Filmmakers Mart, une plateforme innovante basée à Lagos qui restructure en profondeur l'accès aux services de production dans l'industrie du film et du divertissement.
Filmmakers Mart se positionne comme le premier écosystème numérique intégré au service des créateurs africains. En connectant les professionnels du secteur aux services essentiels tels que le repérage de lieux, la logistique, la restauration ou encore les démarches administratives, la plateforme remédie à la fragmentation chronique de la chaîne de valeur. Son modèle repose sur une technologie propriétaire fondée sur l'intelligence artificielle et l'automatisation des flux de travail, ce qui permet de garantir fiabilité, rapidité et transparence pour les utilisateurs.
L'investissement de l'IFC permettra à Filmmakers Mart d'étendre ses activités au-delà de ses marchés actuels que sont le Nigéria, le Kenya, le Ghana, le Maroc et l'Afrique du Sud. Il financera également le développement de nouvelles fonctionnalités, notamment un modèle d'abonnement, des outils de postproduction avancés et des programmes de formation à destination des jeunes créateurs. Ce soutien financier traduit une volonté affirmée de renforcer l'économie numérique créative, en éliminant les obstacles à l'entrée et en structurant une filière encore sous-capitalisée.
Cet engagement prend d'autant plus de relief qu'il s'accompagne d'un co-investissement stratégique du Sony Innovation Fund Africa. Ce partenariat donne à Filmmakers Mart accès à un réseau industriel mondial et à une expertise éprouvée en matière de distribution de contenu. Selon Eric Kafui Okyerefo, fondateur et PDG de la startup, l'ambition est de bâtir le système d'exploitation des industries créatives des marchés émergents. Il s'agit de fournir une infrastructure complète et interconnectée capable de fluidifier les processus, de stimuler la collaboration entre professionnels et d'ouvrir l'accès à de nouvelles opportunités économiques.
Le soutien de l'IFC s'inscrit dans une stratégie de long terme. Selon Dahlia Khalifa, directrice régionale pour l'Afrique centrale et occidentale anglophone, le talent ne suffit pas pour faire émerger une industrie compétitive. Il faut des outils performants, des plateformes robustes et des investissements ciblés. En accompagnant Filmmakers Mart, l'IFC entend favoriser l'émergence de récits africains portés par une nouvelle génération de conteurs, tout en catalysant la création d'emplois durables et l'inclusion économique des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés.
L'entrée de Sony dans le capital de la plateforme renforce la portée de cette opération. L'entreprise japonaise, à travers son fonds d'investissement, affirme son engagement à soutenir les technologies capables d'amplifier l'impact des créateurs et de structurer des marchés porteurs. Pour Antonio Avitabile, directeur général de Sony Ventures en région EMEA, Filmmakers Mart apporte une réponse concrète aux carences d'infrastructures de production sur le continent, avec une solution à la fois intelligente et évolutive.
À travers cette opération, l'IFC fait le choix d'un secteur porteur de croissance, d'influence culturelle et d'innovation. Elle investit dans les coulisses d'une industrie qui pourrait bien devenir l'un des piliers de la souveraineté économique africaine au cours des prochaines décennies.
La Rédaction
Publié le 08/08/25 19:06