Le Nigeria récolte les premiers dividendes des réformes économiques engagées depuis 2023. En effet, l'agence de notation américaine Standard & Poor's (S&P) Global Ratings a relevé les perspectives du pays de ‘'stables'' à ‘'positives'', tout en confirmant sa note souveraine à long et court terme à ‘'B-/B''. Une décision qui reflète, selon l'agence, l'amélioration progressive des fondamentaux extérieurs, monétaires et budgétaires du pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 210 millions d'habitants).
Dans son communiqué publié ce 14 novembre, S&P estime que les ‘'réformes monétaires, économiques et fiscales mises en œuvre par les autorités nigérianes porteront leurs fruits à moyen terme''. L'agence cite notamment la libéralisation du régime de change, la suppression des subventions sur les carburants, l'amélioration des recettes publiques, l'augmentation de la production pétrolière, et le démarrage de la gigantesque raffinerie Dangote. Des ajustements qui, malgré leur caractère impopulaire, surtout en ce qui concerne la levée de subvention sur le carburant, constituent selon S&P un tournant dans la politique économique du pays.
Cette décision place S&P dans la même dynamique que Moody's, qui avait relevé au mois de mai dernier, la note du Nigeria de ‘'Caa1'' (risque élevé) à ‘'B3'' (très spéculatif), et que Fitch, qui maintient sa notation ‘'B'' avec des perspectives stables. Ensemble, elles signalent un regain de confiance envers la trajectoire économique du pays.
S&P a également relevé ses projections de croissance pour le Nigeria. L'économie devrait désormais progresser en moyenne de 3,7% entre 2025 et 2028 (contre 3,2% précédemment), portée par une meilleure disponibilité de devises et un redressement du secteur pétrolier. L'inflation, qui restera élevée et supérieure à 20% en 2025–2026, devrait néanmoins refluer autour de 13% d'ici 2028, selon l'agence. Un retour progressif à la stabilité des prix est jugé essentiel pour renforcer le pouvoir d'achat et améliorer la prévisibilité macroéconomique.
Pour financer son déficit budgétaire, le Nigeria a continué de recourir au marché international. Le pays a émis 2,35 milliards de dollars d'euro-obligations la semaine dernière, dans le cadre du financement du budget 2025, tout en renforçant ses émissions domestiques. Ces opérations montrent que, malgré les risques, le Nigeria conserve un accès fonctionnel aux marchés, un atout important pour un pays engagé dans un programme de réformes profondes.
Des faiblesses structurelles persistantes
S&P rappelle que plusieurs défis restent majeurs, à savoir un PIB par habitant faible (environ 1 200 dollars), des taux de pauvreté élevés, des charges d'intérêts très importantes sur la dette, et une économie toujours vulnérable à la volatilité des prix du pétrole. Surtout, la mise en œuvre des réformes pourrait être entravée par l'inflation persistante et les tensions sociales liées à la suppression des subventions, souligne l'agence.
Ce qui pourrait pousser S&P à relever à nouveau la note
Selon l'agence, une amélioration continue pourrait conduire à une hausse de la note souveraine dans les 12 prochains mois, à condition que la croissance dépasse les prévisions, les gains budgétaires se consolident, et la position extérieure reste solide. A l'inverse, un ralentissement des réformes ou une détérioration de la capacité de remboursement conduirait à un retour à une perspective ‘'stable''.
Narcisse Angan
Publié le 15/11/25 12:12