Rwanda-RDC : Tensions persistantes malgré un accord de paix incertain

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En Fin juin, à Washington, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda avait signé un accord de paix sous la médiation des États-Unis, avec le soutien du Qatar. L'accord prévoyait, entre autres, le retrait des troupes rwandaises de l'est congolais sous un délai de 90 jours, la fin du soutien aux groupes armés étrangers notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ainsi que la mise en place de mécanismes conjoints de sécurité et d'intégration économique régionale dans un délai de trois mois.

Mais du côté rwandais, l'enthousiasme reste mesuré. Le président Paul Kagame doute de la viabilité de cet accord. Selon lui, tout dépendra de la capacité de Kinshasa à désarmer les FDLR de manière ‘'irréversible et vérifiable''. À défaut, prévient-il, Kigali se réserve le droit de revenir sur ses engagements, y compris le retrait de ses troupes.

Le Rwanda nie toujours tout soutien au M23, un groupe rebelle congolais principalement tutsi, qu'il dit combattre pour se défendre contre la présence persistante des FDLR, issus pour beaucoup du génocide de 1994. Le groupe M23, pourtant au cœur du conflit, n'est pas directement inclus dans l'accord de paix de Washington. Une médiation distincte menée par le Qatar est en cours pour tenter de le faire entrer dans le processus.

Sur le terrain, les combats se poursuivent et les zones minières stratégiques échappent au contrôle de Kinshasa. À Rubaya, localité riche en coltan, le M23 a établi son autorité. Il y impose une taxe de 15 % sur tout coltan extrait, alors que cette zone représente à elle seule près de 15 % de la production mondiale.

Un rapport confidentiel des Nations unies accuse la société rwandaise Boss Mining d'acheter du coltan provenant de ces zones sous contrôle rebelle. Le document pointe un système de contrebande sophistiqué : le coltan congolais serait mélangé à celui extrait légalement au Rwanda, rendant impossible toute traçabilité. Boss Mining, qui ne détient pourtant aucune grande mine connue, aurait exporté 150 tonnes de coltan en 2024, soit 6,5 % des exportations rwandaises cette année-là.
Le rapport révèle aussi que cette entreprise est dirigée par Eddy Habimana, un acteur déjà identifié par l'ONU comme trafiquant de minerais il y a une décennie. Deux actionnaires russes, Yuriy Tolmatchev et Alexander Konovalchik, seraient derrière Boss Mining et sa société partenaire Novacore FZE, basée aux Émirats arabes unis, qui rachète l'intégralité du coltan exporté.

Selon les estimations onusiennes, le commerce illicite de coltan génèrerait près de 800 000 dollars par mois pour le M23, alimentant ainsi un cercle vicieux de violence, d'occupation et de prédation des ressources naturelles.

La Rédaction

Publié le 04/07/25 17:20

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