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Le secteur de la microfinance au Sénégal fait face à un défi majeur de gestion de ses risques de crédit, qui pèsent sur sa rentabilité globale. Si certains indicateurs de liquidité demeurent rassurants, la qualité du portefeuille de crédit continue de se détériorer de manière préoccupante, avec un volume de créances en souffrance qui s'éloigne nettement des normes réglementaires.
Crédits en souffrance : Une envolée inquiétante
Le principal signal d'alerte provient de l'encours des crédits en souffrance, qui s'est établi à 66,5 milliards FCFA au 31 mars 2025. Ce montant représente une hausse significative de 19,1 % par rapport au trimestre précédent, et une explosion de 44,0 % sur un an. En conséquence, le taux de créances en souffrance a bondi de 1,2 point de pourcentage pour atteindre 8,4 %, bien au-delà de la norme réglementaire fixée à 3 %. Ce niveau témoigne d'une fragilisation croissante des actifs des IMF.
Cette dégradation est généralisée, affectant aussi bien les crédits accordés aux particuliers et aux entreprises que ceux octroyés par les sociétés anonymes et les Institutions de Microfinance à Caractère Mutualiste et Coopératif Affiliées (IMCEC affiliées).
Liquidité : Un ratio globalement conforme, mais des disparités notables
En revanche, la situation de la liquidité apparaît plus stable. Au premier trimestre 2025, les IMF respectent globalement la norme réglementaire fixant le coefficient de liquidité à un minimum de 80 %. Le ratio moyen s'est établi à 82 %, en hausse de 4 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent.
Cependant, cette amélioration masque des disparités importantes. Elle est principalement portée par la progression du ratio chez les IMCEC affiliées (+1 point) et, de manière spectaculaire, chez les IMCEC non affiliées (+28 points). À l'inverse, les sociétés anonymes ont vu leur ratio de liquidité reculer de 10 points, révélant des défis spécifiques à cette catégorie.
Rentabilité : Des marges toujours insuffisantes
Sur le plan de la rentabilité, les IMF peinent à atteindre la marge bénéficiaire réglementaire fixée à 20 %. Le taux moyen s'est établi à 10 % au premier trimestre 2025, soit la moitié de l'objectif visé.
Malgré tout, une légère amélioration est à noter : la marge a progressé d'un point de pourcentage en variation trimestrielle et de deux points en glissement annuel. Cette évolution positive est principalement attribuable aux performances des IMCEC non affiliées (+8 points) et des sociétés anonymes (+1 point).
Barry Diao Mamadou
La Rédaction
Publié le 05/07/25 19:31
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