Imaginez une locomotive lancée à pleine vitesse, tirant derrière elle les wagons de l'économie régionale. C'est l'image que renvoie aujourd'hui l'industrie dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), portée par une dynamique de production qui ne cesse de s'amplifier.
En juin 2025, la production industrielle de l'Union a bondi de 12% en glissement annuel, doublant presque la performance du mois précédent (+6,3%). Ce rythme témoigne d'une consolidation de la reprise et d'une diversification progressive des moteurs de croissance.
Deux branches tirent particulièrement l'activité : l'industrie extractive et l'industrie manufacturière. La première a contribué à hauteur de +8,5 points grâce à la hausse de 5,1% de l'extraction d'hydrocarbures, malgré un recul de 2,3% des minerais métalliques. La seconde, cœur battant de l'appareil productif, a ajouté +2,7 points, portée par l'agroalimentaire (+2%) et par le raffinage pétrolier et la cokéfaction (+0,5%).
À plus petite échelle, la production et distribution d'électricité et de gaz (+0,5 point) ainsi que l'eau, l'assainissement et la dépollution (+0,1 point) ont également contribué à l'expansion.
Les ressorts de la dynamique
Cette performance industrielle n'est pas le fruit du hasard. Elle reflète à la fois des investissements dans les infrastructures énergétiques et logistiques, un environnement des prix internationaux encore favorable pour certaines matières premières et un renforcement de la demande régionale.
Pour les États membres, cette embellie est un signal encourageant : l'industrie est souvent considérée comme le maillon faible d'économies encore très dépendantes des matières premières brutes et de l'agriculture. Voir l'industrie manufacturière progresser, même modestement, traduit une montée en gamme vers plus de transformation locale et de valeur ajoutée.
Du côté des entreprises, l'élan industriel s'accompagne toutefois de défis majeurs : disponibilité énergétique, coûts logistiques élevés, accès au financement et stabilité réglementaire. Les investisseurs, eux, y voient une opportunité de capter un marché de plus de 130 millions de consommateurs, mais restent attentifs à la résilience de cette croissance face aux aléas mondiaux.
Pour les populations, un secteur industriel en expansion signifie plus d'emplois et de revenus, mais aussi des inquiétudes. L'extraction accrue d'hydrocarbures et le raffinage pétrolier, s'ils soutiennent la croissance, posent des questions environnementales et de soutenabilité. Les citoyens demandent de plus en plus une industrie qui conjugue création de richesses et respect des écosystèmes.
À l'échelle macroéconomique, la vigueur industrielle pourrait stimuler la croissance globale de l'UEMOA, renforcer les recettes fiscales et améliorer la balance commerciale. Mais la dépendance persistante à quelques segments (hydrocarbures, agroalimentaire, textiles) reste un talon d'Achille. La stabilité du secteur dépendra aussi de la capacité à diversifier davantage les activités manufacturières et à réduire les vulnérabilités extérieures.
La Rédaction
Publié le 26/09/25 18:17