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On peut désormais le dire, l'inflation est repoussée chaque jour un peu plus dans ses moindres retranchements au sein de l'UEMOA. Selon les chiffres dévoilés par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ce 2 juin, le taux d'inflation annuel s'est établi à 1,5% en avril 2025, contre 2,2% le mois précédent. Ce recul de 0,7 point de pourcentage signe le sixième mois consécutif où l'inflation reste sagement contenue dans la fourchette cible fixée par la Banque centrale, soit entre 1% et 3%.
L'inflation alimentaire encore positive mais en repli
L'analyse sectorielle montre que cette décélération globale est avant tout liée à un ralentissement des prix des produits alimentaires, qui représentent une part importante du panier de consommation des ménages. Les prix alimentaires ont ainsi progressé de 3,9% en avril, contre 5,3% en mars. Cette composante contribue encore pour 1,4 point à l'inflation globale, mais son repli montre un début de stabilisation des marchés agricoles et un apaisement des tensions sur les circuits d'approvisionnement.
Ce ralentissement s'explique par une meilleure disponibilité des denrées, une logistique d'acheminement plus fluide et, dans certains pays, des récoltes plus favorables grâce à une météo clémente.
Logement et transport : des contributions à la baisse
Le recul de l'inflation s'est également manifesté sur les prix du logement et des transports. Les prix des loyers et services liés au logement ont affiché une baisse de 0,6% en avril, accentuant le reflux déjà amorcé en mars (-0,4%). Cette tendance traduit notamment la stabilité des prix de l'énergie et des matériaux de construction, après les tensions des mois précédents.
Le secteur des transports, quant à lui, a enregistré un recul de 0,4% après une hausse de 1,1% le mois précédent. Cette détente est à mettre en lien avec la baisse des cours mondiaux du pétrole et l'amélioration de la logistique régionale, ce qui a permis de modérer les prix du carburant et des services de transport routier.
L'inflation sous-jacente à un plus bas
Autre signe positif, l'inflation sous-jacente, qui mesure la dynamique des prix hors produits alimentaires et énergie, souvent les plus volatils, a reculé à 0,9% en avril, après 1,4% en mars. Cet indicateur est particulièrement suivi par les économistes car il reflète les tendances de fond de l'inflation, indépendamment des fluctuations saisonnières ou ponctuelles. Une inflation sous-jacente maîtrisée est généralement le signe d'une économie stable, où la demande et l'offre évoluent de manière équilibrée.
Une hétérogénéité entre les pays
Cette modération de l'inflation masque toutefois de fortes disparités entre les pays de l'Union. Au Niger, l'inflation a brutalement chuté de 4,7% en mars à 0,5% en avril, un reflux qui pourrait refléter une détente rapide des tensions alimentaires et énergétiques. En Guinée-Bissau (3,8% contre 7,1%), la baisse est également marquée.
Le Mali reste, quant à lui, le pays affichant l'inflation la plus élevée de la zone avec 8,2%, malgré un recul par rapport aux 9,6% du mois précédent. Cette situation s'explique notamment par des contraintes logistiques persistantes, des tensions sur l'approvisionnement alimentaire et un contexte sécuritaire plus fragile.
Les autres pays affichent une inflation plus conforme à la cible fixée par la BCEAO, notamment le Sénégal (-0,2%), le Bénin (0,8%), la Côte d'Ivoire (0,8%) et le Togo (0,8%).
Dr Ange Ponou
Publié le 04/06/25 10:52
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