Afrique : Plus de la moitié des pays pauvres exposés à un risque de surendettement selon la Banque mondiale

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Le fardeau de la dette des pays les plus pauvres de la planète reste une préoccupation majeure dans la mesure où il est susceptible de compromettre les progrès réalisés sur le plan économique. La question reste d'actualité surtout pour les 39 pays les plus vulnérables en Afrique subsahariennes (qualifiés de pays IDA car éligibles aux financements de l'International Development Association, la filiale de la Banque mondiale qui leur accorde des financements concessionnels, à taux réduits).

Cet endettement est la résultante (plus ou moins en partie) des déficits budgétaires, le gap du budget que les Etats doivent combler en ayant recours à des emprunts le plus souvent. Dans son rapport CPIA 2019 sur l'évaluation des politiques et institutions des pays IDA publié ce 12 août 2020, la Banque mondiale a relevé que le déficit des pays IDA en Afrique subsaharienne est passé de 3,9 % du PIB en 2017 à 4,1 % du PIB en 2018. 

Conséquence : le taux d'endettement (ratio dette publique/PIB) est passé à 54,9% du PIB en 2018, en hausse de 18,5 points depuis 2013. Une évolution qui est imputable en grande partie aux pays ne disposant pas ou peu de matières premières qui ont levé des fonds pour financer leur développement.

17 milliards $ d'eurobonds levés en 2018 contre 4,5 milliards en 2017

Ainsi, plus de la moitié des pays de la région ont vu leur dette augmenter en 2018 et un tiers des pays ont un taux d'endettement supérieur à 60% du PIB. Une situation qui est notamment expliquée par le fait que les pays ont de plus en plus accès aux marchés internationaux des capitaux et se détournent un peu plus des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux comme le Club de Paris.

Dette des pays IDA (en % du PIB) en 2018

Source: Rapport CPIA Afrique 2019 - Renforcement de la capacité de gestion de la dette, Banque mondiale, juillet 2019

Entre 2013 et 2017, les pays de la région ont émis en moyenne 4,5 milliards de dollars par an, pour un volume moyen d'émissions de 1 milliard de dollars, indique la Banque mondiale. Et en 2018, les émissions obligataires se sont chiffrées à plus de 17 milliards de dollars, avec une émission moyenne atteignant près de 3 milliards de dollars.

Voir aussi - Afrique de l'Ouest : Le moratoire sur la dette publique permettra d'économiser plus de 740 millions $ en 2020

" L'augmentation du taux de la dette, conjuguée au transfert de la dette extérieure vers des instruments davantage axés sur le marché et des sources de financement plus onéreuses et plus risquées, a considérablement accru la vulnérabilité liée à l'endettement parmi les pays IDA en Afrique subsaharienne ", explique l'institution.

A fin 2018, la Banque mondiale estimait que " près de la moitié des pays IDA de la région étaient exposés à un risque élevé de surendettement ou en surendettement ".

Le Soudan, l'Erythrée, le Cap Vert, le Mozambique et le Congo avaient par exemple, en 2018, un taux d'endettement supérieur à 100% du PIB. 

Au nombre des autres facteurs de l'augmentation de la dette, outre les déficits publics plus importants, l'institution relève les dépréciations monétaires par rapport au dollar américain, l'augmentation des coûts d'emprunt des administrations publiques et les déclarations de dettes qui n'étaient précédemment pas divulguées.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 18/08/20 17:30

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