Au Bénin, la renaissance des plantations d’anacarde transforme une filière stratégique

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Le Bénin vit une véritable métamorphose agricole. Au cœur du centre du pays, des scieurs, des prestataires privés et des producteurs travaillent de concert pour redonner vie à des milliers d'hectares d'anacardiers. Cette mobilisation s'inscrit dans le Projet d'Appui à la Compétitivité des Filières Agricoles et de la Diversification des Exportations, plus connu sous le nom de PACOFIDE, financé par la Banque mondiale. Objectif affiché, moderniser la filière anacarde, deuxième produit d'exportation du pays, et stimuler durablement les revenus agricoles.

Dans les plantations de Soclogbo, à Dassa-Zoumé, les scènes de réhabilitation se répètent. Sous le bruit des tronçonneuses, des anacardiers vieillissants sont élagués, éclaircis puis débarrassés de leurs branches mortes afin d'améliorer leur exposition au soleil et de prévenir les infections. Romuald Bamidélé Afora, président communal des prestataires de services privés, résume les opérations essentielles : éclaircie pour réduire la densité, élagage pour assainir les arbres, débardage pour évacuer les résidus et désherbage pour éliminer les mauvaises herbes. Ces interventions, longtemps rares faute de moyens, sont désormais systématisées.

Les résultats sur le terrain sont probants. Donné Houangni comme de nombreux exploitants observe un regain de vitalité de ses arbres. Les témoignages s'accumulent : Cocou Gabriel Agbélélé, propriétaire de 12 hectares d'anacardiers, est passé d'une récolte annuelle de 2 à 3 tonnes à près de 6 tonnes grâce à la réhabilitation de son verger. Olivier Kodjo Azonnoudo, qui produisait à peine 100 kilos par hectare, atteint aujourd'hui une tonne et demie, un basculement qui a sauvé son exploitation. Les gains ne sont pas seulement agronomiques mais également sociaux, les revenus agricoles connaissant un véritable rebond.

Cette dynamique s'observe à l'échelle des communes du centre. La production nationale de noix de cajou est passée de 137 926 tonnes en 2020 à 225 000 tonnes en 2024. En parallèle de la réhabilitation, le PACOFIDE encourage la création de nouvelles plantations. Des pépiniéristes comme Franck Avikpo fournissent des plants greffés de haute performance et accompagnent les producteurs lors de l'installation du système goutte à goutte, indispensable pour sécuriser la croissance des jeunes plants en période sèche. Cette montée en technicité marque un tournant pour la filière.

Le projet agit également comme un catalyseur pour l'ensemble de la chaîne de valeur. Plus de 122 000 hectares d'anciennes plantations ont été réhabilités et 17 000 hectares supplémentaires ont été consacrés à des vergers modernes. L'initiative bénéficie à plus de 351 851 personnes, incluant producteurs, pépiniéristes et prestataires locaux. Le PACOFIDE finance en outre des sous-projets pour la filière ananas, soutient la logistique d'exportation avec la construction d'un terminal frigorifique à l'aéroport de Cotonou et facilite l'accès aux engrais grâce à un mécanisme de 100 millions de dollars mis en place entre 2023 et 2026 pour amortir la flambée des prix internationaux.

Pour Sanni Mamadou, secrétaire général de l'Interprofession de la filière anacarde, le changement est profond. Les formations longtemps centrées sur la sensibilisation laissent désormais place à des interventions concrètes qui transforment durablement les pratiques agricoles. Cette approche intégrée ouvre la voie à une hausse structurelle de la productivité et à une amélioration tangible des conditions de vie en zone rurale.

La filière anacarde, autrefois freinée par le vieillissement des vergers et le manque de moyens techniques, s'impose aujourd'hui comme un levier majeur de croissance pour le Bénin. Le pays entend désormais capitaliser sur cet élan pour consolider son positionnement sur les marchés internationaux et renforcer la résilience de son agriculture.

La Rédaction

Publié le 05/12/25 17:34

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