Afrique : Un bond de 10% de pénétration du haut débit peut doper la hausse du PIB de 0,8% à 2,46%

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À l'heure où la transformation numérique s'impose comme un moteur de développement, la question de la fiscalité appliquée au secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) prend une dimension stratégique. Faut-il alléger la pression fiscale pour stimuler l'accès au numérique et créer des emplois ? Ou au contraire, augmenter les impôts pour renforcer les recettes publiques tout en misant sur une économie numérique en expansion ?

Ce dilemme a été au cœur des discussions lors de la Conférence 2025 des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, organisée par la Commission économique pour l'Afrique (CEA) à Addis-Abeba, dont un communiqué a été publié ce 24 mars.

Des politiques fiscales aux effets contrastés

Mactar Seck, chef de la section Innovation et transformation numérique à la CEA, a présenté les résultats d'une étude révélant des impacts différenciés selon les approches fiscales adoptées par les pays africains. Ainsi, la Zambie et le Kenya, qui ont opté pour une augmentation des taxes dans le secteur des TIC, ont enregistré des gains simultanés : hausse des recettes fiscales, création d'emplois et croissance significative de la pénétration du haut débit, respectivement de 14,6% et 9,7%.

À l'inverse, l'Éthiopie et le Nigéria ont fait le pari d'une baisse de la fiscalité. Résultat : une progression plus modeste de la couverture haut débit (+4,6% et +4,9%), une dynamique notable de l'emploi, mais des recettes fiscales en recul.

Ces données suggèrent que la fiscalité, si elle est bien calibrée, peut à la fois soutenir la croissance du numérique et générer des retombées économiques plus larges. ‘'Une augmentation des recettes peut résulter d'une productivité accrue et d'un élargissement de l'assiette fiscale, dans un contexte d'économie numérique florissante'', a expliqué Mactar Seck.

Le haut débit, catalyseur de développement économique

L'accès à Internet à haut débit est désormais reconnu comme un vecteur puissant de croissance. Selon la CEA, une augmentation de 10% de la pénétration du haut débit peut entraîner une hausse du PIB allant de 0,8% à 2,46%. Ces chiffres sont d'autant plus significatifs qu'ils s'inscrivent dans un contexte de sous-connectivité persistante : l'Afrique reste aujourd'hui le continent le moins connecté au monde, avec seulement 1% de croissance de la connectivité au cours des cinq dernières années.

L'un des principaux obstacles identifiés demeure le coût élevé de l'accès au haut débit, jusqu'à cinq fois supérieur à la moyenne mondiale, ce qui accentue la fracture numérique, notamment entre zones urbaines et rurales.

Vers une stratégie fiscale sur mesure

Face à cette réalité, les experts recommandent une approche progressive et adaptée aux spécificités nationales. ‘'Chaque pays doit élaborer son propre cadre d'évaluation de l'impact fiscal sur le secteur des TIC'', a insisté Mactar Seck. Il souligne que de nombreux pays ayant allégé leurs taxes ont, contre toute attente, constaté une augmentation des recettes fiscales, parallèlement à une croissance de l'emploi et du haut débit.

L'enjeu est de taille. Si les bonnes décisions sont prises, le continent pourrait voir son économie numérique atteindre 712 milliards de dollars d'ici 2030, contribuant à une hausse de 8,2% du PIB africain.

La fiscalité des TIC ne doit pas être perçue uniquement comme un instrument de collecte de ressources, mais aussi comme un outil de stimulation économique. En favorisant l'accès au haut débit et l'émergence de services numériques, une politique fiscale judicieuse peut libérer le potentiel de l'économie numérique africaine. La clé réside dans un dosage fin, capable de concilier impératifs budgétaires et ambition de développement inclusif.

Dr Ange Ponou

Publié le 24/03/25 10:01

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