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En Afrique, les recettes fiscales ne représentent qu'environ 15% du PIB, un des niveaux les plus bas à l'échelle mondiale. Cette tendance est confirmée par le rapport ‘'Performance et perspectives macroéconomiques de l'Afrique'' de la Banque africaine de développement (BAD), publié en février 2025, et qui stipule que la mobilisation des ressources intérieures reste insuffisante, poussant les États à privilégier l'endettement pour financer leur développement.
Depuis 2010, le ratio des recettes fiscales sur le PIB est passé de 15,8% à 14,8% en 2022, reflétant les difficultés structurelles des administrations fiscales et le faible recours aux technologies numériques. Or, pour qu'un pays en développement puisse atteindre ses Objectifs de développement durable (ODD), ce ratio doit dépasser 15% du PIB, selon la BAD. À titre de comparaison, l'Amérique latine affiche une moyenne de 23,9%, tandis que l'Europe et l'Asie centrale dépassent les 31%. Seuls 20 des 54 pays africains atteignent le seuil de 15%.
Des disparités régionales marquées
Les écarts entre les régions sont significatifs. L'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est enregistrent les plus faibles ratios avec 7,9% et 10,6% du PIB en moyenne sur la période 2010-2023. Pourtant, certains pays font exception : le Cap Vert (18,8%), le Sénégal (18,7%) et le Burkina Faso (18,3%) affichent des niveaux plus élevés. À l'opposé, le Nigéria, première économie du continent, ne collecte que 5,2% du PIB en impôts, un des taux les plus bas de la région.
Avec un endettement croissant, les perspectives financières du continent restent quelque peu préoccupantes. Le coût annuel estimé pour atteindre les ODD en Afrique d'ici 2030 s'élève à 1 300 milliards de dollars, soit 42% du PIB africain en 2023. Dans ce contexte, la faible capacité des États à mobiliser des recettes domestiques menace directement leur développement économique et social.
Les leviers d'amélioration
Plusieurs facteurs influencent la performance fiscale des pays africains, dont entre autres, le niveau de développement et la structure économique (taille du secteur manufacturier, poids du secteur informel) ; l'environnement institutionnel, notamment la stabilité politique et la lutte contre la corruption ; et l'efficacité des administrations fiscales, avec un recours accru aux technologies numériques pour améliorer la collecte des impôts.
Sans une réforme profonde des systèmes fiscaux et une meilleure gouvernance, les États africains risquent de rester dépendants de la dette, compromettant ainsi leurs ambitions de croissance durable et inclusive.
Dr Ange Ponou
Publié le 26/02/25 16:09
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