ALI BADINI, DG de CREDIT ACCESS: ''L’inclusion financière doit se construire sur le dynamisme des institutions de microfinance''

ISIN : BRVMC0000000 - Ticker : BRVMC

ALI BADINI, directeur général de CREDIT ACCESS :

L'inclusion financière au niveau régional doit se construire sur le dynamisme des institutions de microfinance 

Ali BADINI est aujourd'hui l'un des plus fervents chantres de la microfinance du marché ivoirien. Promis à une carrière internationale, il a fait le choix de s'intéresser à un domaine dont il s'est passionné au point de reprendre en main un établissement qu'il a façonné et converti en success story avec des performances remarquables. En 6 ans, entre 2014 et 2020, l'encours de crédit de CREDIT ACCESS est passé de 183 millions FCFA à environ 15 milliards FCFA !

Consulté au niveau national sur les questions liées à la microfinance, Ali BADINI reste donc convaincu de tout le potentiel d'un secteur en pleine mutation, qui s'adresse aussi bien à la PME qui recherche des centaines de millions pour ses investissements qu'au modeste paysan en quête de fonds pour agrandir son exploitation.

 " La microfinance doit également faire sa révolution ", confie-t-il dans cette interview où il revient notamment sur la nécessaire digitalisation et les grandes thématiques du secteur. Une révolution dont la finalité est bien la nécessaire inclusion financière qui est d'un enjeu primordial pour élargir la base des investisseurs de notre marché.

 

Promis à une carrière dans la finance internationale, vous avez pris en main une Institution de microfinance qui compte aujourd'hui parmi les plus performantes du marché ivoirien. Qui est Ali BADINI?

Je suis Administrateur- Directeur Général de Credit Access, titulaire d'un MBA en Management financier de l'Ecole Supérieure de Gestion de Paris et d'une maîtrise en Sciences Economiques, option : Monnaie, Finance et Banque de l'Université Mouloud Mammeri d'Algérie.

Ma carrière débute à l'ABC Banque de l'international Corporation Washington, en qualité d'Analyste Crédit. Je rejoins ensuite le Système des Nations Unies à travers l'Organisation Internationale du Travail (OIT) puis le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) occupant respectivement les fonctions d'Economiste junior et d'Economiste expert.

 

Pourquoi avoir choisi de vous investir dans la microfinance ?

C'est une question très intéressante. On va dire que cela remonte aux années 2012, j'ai eu la chance d'organiser pour le compte du FIDA une étude portant sur la microfinance. Il s'agissait d'évaluer le mécanisme des fonds ‘'intrants'' à travers son processus de financement, l'idée étant d'amener les petits producteurs agricoles à être autonomes en termes de reconstitution de fonds d'intrants. Les résultats de cette étude ont démontré qu'il y avait une décorrélation entre l'offre des produits de services financiers proposée par les Institutions de microfinance et la demande exprimée par les producteurs. Pour moi donc, il fallait absolument corriger cette inégalité et mon background d'économiste a justement facilité mon engagement à m'investir dans le secteur de la microfinance en vue de contribuer à lui donner un nouveau visage, celui de répondre efficacement aux besoins exprimés et de susciter des demandes non exprimées de nos populations.

 

En 2019, CREDIT ACCESS a décroché le sacre de la meilleure micro - finance de Côte d'Ivoire décerné par le patronat ivoirien et cette distinction est intervenue 5 ans après votre reprise en main de cette institution. Selon vous quels ont été les facteurs qui ont contribué à cette distinction ?

Cela a en effet été une fierté pour CREDIT ACCESS de se voir distinguer en 2019 parmi 45 autres acteurs du secteur de la microfinance. Cela d'autant plus que cette distinction venait souligner les efforts entrepris à la tête de cette Institution que j'ai prise en main 5 ans auparavant, avec l'appui d'une équipe dynamique et motivée.

Notre position actuelle traduit le résultat d'une réforme profonde qui nous a amenés à repenser radicalement nos domaines d'activités stratégiques. Premièrement, nous avons élargi notre clientèle cible précédemment composée de salariés, aux TPE, PME, particuliers et à la diaspora avec à chaque fois des offres de services adaptés à leurs besoins respectifs. Ces offres sont relatives à la distribution de crédits, la collecte de l'épargne, la fourniture de produits d'assurance, de transferts et de monétique. Nous avons ensuite fait le choix de la digitalisation en créant un fort ancrage de nos produits avec le digital. Par exemple, la mobilisation de l'épargne clientèle se fait à travers notre plateforme de collecte mobile via smartphone dénommée Access mobile. Cette solution permet à nos clients d'épargner sans se déplacer et de réaliser certaines transactions à distance. Les collectes effectuées permettent à nos clients de rembourser journalièrement leurs crédits, de cotiser pour leurs plans d'épargne, de recharger leurs cartes bancaires à distance, de payer leurs primes d'assurances etc. Cette relation de proximité que nous avons développée au fil des années contribue à n'en point douter à renforcer la relation de confiance avec nos clients et à être proactifs vis-à-vis de leurs besoins ; ce qui nous garantit une meilleure qualité de service à leur endroit.

Nos réformes ont également intégré le recrutement d'un staff de qualité qui a épousé nos valeurs de professionnalisme, d'écoute, de probité et de transparence. Tout ceci, a contribué à relever notre niveau d'exigence envers nous-même et nous a permis de nous hisser parmi les Institutions de microfinance de référence en Côte d'Ivoire.

Nos indicateurs de performances attestent de notre solidité

Parlant de croissance, nous avons enregistré une très bonne dynamique qui s'est confirmée en 2020 malgré la crise sanitaire à Covid 19. De 2014 à 2020, CREDIT ACCESS a observé les taux de croissance parmi les plus significatifs du marché. Nous sommes passés d'un encours de crédit de 183 millions FCFA en 2014 à un encours d'environ 15 milliards FCFA aujourd'hui. Sur cette même période, notre encours d'épargne est passé de 500 millions de F CFA à près de 15 milliards F CFA aujourd'hui. Ce sont donc des indicateurs clés de performance qui nous confortent et qui ont très certainement contribué à cette distinction.

Nous allons faire un retour en arrière. Dans l'histoire, la microfinance a eu à démarrer avec beaucoup de difficultés dans nos Etats. Il y a eu beaucoup de faillite ce qui a quelque peu découragé beaucoup d'épargnants. Est-ce que vous pensez que le secteur a encore tout son potentiel de développement dans nos pays ?

C'est vrai que l'historique du secteur des IMF a reflété un tableau péjoratif à un moment donné et comme vous l'avez si bien notifié, ce secteur a été caractérisé par le passé par des faillites en cascade, des problèmes de gouvernance et de professionnalisme qui ont été causés par certaines Institutions. Ceci a assurément contribué à créer un sentiment de méfiance vis-à-vis de nos populations.

Le secteur de la microfinance est très règlementé aussi bien au niveau des Etats que de la BCEAO

Ce n'est plus le cas aujourd'hui parce que nous sommes dans un secteur qui est très bien réglementé avec le Ministère de l'Economie et des Finances à travers la Direction de la Réglementation et de la Surveillance des Systèmes Financiers Décentralisés (DRSSFD) qui régule le secteur, et, pour les microfinances d'une taille importante, c'est-à- dire celles dont les encours de crédits ou d'épargne sont supérieurs à deux milliards de FCFA sur deux exercices successifs, elles passent sous le contrôle de la BCEAO et de la Commission Bancaire de l'UMOA.

C'est donc dire qu'il y a un dispositif de surveillance et de régulation qui permet au secteur de ne plus revivre les affres du passé.

Merci de retrouver le reste de l'interview dans la dernière édition de notre magazine " Marché Financier : Bilan et Perspectives " qui vient de paraître. Cliquer sur l'image en dessous pour le téléchargement (gratuit).

 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 14/09/21 15:53

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

ACTUALITES RELATIVES
18/04/2024 APE : la Côte d’Ivoire entame la 3ème phase de l’accord de partenariat avec l’UE
18/04/2024 Nigéria : Heineken ferme temporairement 2 usines en raison d'un "contexte difficile"
18/04/2024 Côte d'Ivoire : Tietto Minerals juge la dernière offre du chinois Zhaojin insuffisante
18/04/2024 Le capital investisseur Acre Impact lève 100 millions USD pour des projets durables en Afrique
18/04/2024 Côte d'Ivoire : Un an après la digitalisation des attestations d'assurance auto, quel impact sur les conducteurs ?
18/04/2024 Le Bénin maintient le prix du kilogramme de coton à 300 FCFA pour la campagne 2024/2025
18/04/2024 Quel intérêt pour la Côte d’Ivoire d’adhérer à la BERD ?
18/04/2024 Sénégal : Plus de 741 000 passagers accueillis à l’AIBD au 1er trimestre 2024