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Dans un contexte de pressions budgétaires persistantes et de défis économiques mondiaux accrus, le Cameroun vient d'obtenir un nouveau feu vert technique du Fonds monétaire international (FMI). À l'issue d'une mission conduite à Yaoundé, la capitale, du 30 avril au 8 mai, le FMI et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur la troisième revue de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), ainsi que sur la huitième revue du programme économique soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEC).
Cet accord soumis à la validation du conseil d'administration du FMI devrait permettre à court terme un décaissement total de près de 147 millions de dollars, soit environ 82 milliards FCFA, répartis entre les deux dispositifs de soutien budgétaire (75,9 millions de dollars au titre des accords FEC-FED et 71,1 millions de dollars au titre de l'accord FSR), d'après le communiqué du Fonds publié ce 7 juillet.
Malgré une croissance portée à 3,5 % en 2024, contre 3,2 % l'année précédente, et un recul de l'inflation moyenne à 4,5 % (contre 7,5 % en 2023), les autorités camerounaises n'ont pas totalement rempli les objectifs budgétaires fixés. Le déficit primaire hors pétrole a atteint 2,4 % du PIB, au-delà de la cible de 2 %. Ce glissement est notamment dû à un dépassement des dépenses courantes qui a conduit à l'accumulation de nouveaux arriérés de paiement, limitant les marges pour les investissements porteurs de croissance.
En réponse, le gouvernement prévoit une **révision du budget 2025 et l'adoption de mesures correctives pour rétablir une trajectoire saine, avec un objectif ambitieux, à savoir ramener le déficit primaire hors pétrole à 1,4 % dès 2025.
Réformes structurelles et transition climatique en ligne de mire
Sous l'impulsion de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), une quarantaine de repères structurels ont déjà été atteints depuis le lancement du programme avec le FMI. La mission a salué ces avancées, tout en soulignant l'importance de poursuivre la restructuration de la SONARA, Société nationale de raffinage, d'achever les projets d'infrastructures prioritaires, et de renforcer l'inclusion et le secteur financier.
Autre point clé, la transition climatique. Grâce à l'appui du Cadre de réforme climatique (CRC) intégré à la FRD, le Cameroun a consolidé sa politique climatique. Quatre mesures structurantes ont été mises en œuvre, dont la création de lignes directrices environnementales pour l'évaluation des projets d'investissement, l'adoption d'un plan national climat, l'élaboration d'une stratégie de financement des risques climatiques.
Le FMI se montre prudemment optimiste. La croissance devrait atteindre 3,8 % en 2025, légèrement révisée à la baisse, avant de s'établir à 4,5 % à moyen terme. Côté inflation, les projections tablent sur un ralentissement progressif vers le seuil de convergence régional de 3 % fixé par la CEMAC. Avec ce nouvel accord, le Cameroun confirme sa volonté de restaurer la stabilité macroéconomique, de renforcer sa crédibilité financière, et de concilier développement économique et durabilité environnementale.
Narcisse Angan
Publié le 07/07/25 16:31
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