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Le président camerounais Paul Biya a signé le 19 mai 2025 un décret autorisant le ministre des Finances à mobiliser jusqu'à 200 milliards de FCFA (environ 340 millions de dollars) sur les marchés financiers internationaux. Ce recours à l'endettement extérieur s'inscrit dans une stratégie plus large visant à couvrir un besoin global de financement de 1 795 milliards FCFA pour l'exercice budgétaire en cours.
Le décret présidentiel, qui habilite le ministre des Finances à recourir aux marchés extérieurs ''avec faculté de délégation'', précise que les fonds empruntés seront exclusivement destinés aux opérations de trésorerie de l'année 2025. Autrement dit, il s'agit de gérer les décalages entre les recettes fiscales et les décaissements liés au fonctionnement de l'État, au remboursement de la dette et aux engagements divers du Trésor.
Selon la loi de finances adoptée fin décembre 2024, les recettes nettes de l'État pour l'exercice 2025 sont projetées à 5 507,7 milliards FCFA, contre des dépenses estimées à 5 615,5 milliards FCFA. Il en résulte un déficit budgétaire de 107,8 milliards FCFA. Mais ce déficit n'est qu'une composante du besoin global de financement de l'État qui s'élève, en réalité, à 1 795 milliards de FCFA.
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Cette enveloppe tient compte d'une série de charges majeures, notamment le remboursement partiel de la dette publique. Pour l'exercice 2025, Yaoundé prévoit de rembourser 729 milliards FCFA de dette intérieure, 646,7 milliards de dette extérieure, 84 milliards de crédits de TVA et 207,5 milliards au titre des arriérés ou dettes dites ''flottantes''. À cela s'ajoutent 20 milliards FCFA dus aux correspondants du Trésor public
Pour faire face à cette situation, Yaoundé table sur plusieurs sources de financement. Outre l'emprunt international de 200 milliards FCFA désormais autorisé, le gouvernement entend mobiliser: 380 milliards FCFA via des tirages sur prêts-projets contractés auprès de bailleurs extérieurs ; 360 milliards FCFA à travers de nouvelles émissions de titres publics ; 220,6 milliards FCFA auprès du secteur bancaire local ;165 milliards FCFA au titre des appuis budgétaires des partenaires au développement, notamment dans le cadre du Programme économique et financier (PEF) soutenu par le FMI ; 189,4 milliards FCFA sous forme de financements exceptionnels, dont 8,4 milliards FCFA déjà obtenus de la Banque islamique de développement.
Une partie de ces ressources a déjà été mobilisée. Entre janvier et avril 2025, le Cameroun a lancé plusieurs opérations d'émission de titres publics sur le marché domestique, contribuant à combler une fraction de son besoin de financement. Par ailleurs, le pays a bénéficié d'un décaissement de 73 milliards FCFA du Fonds monétaire international dans le cadre de la septième revue de son programme triennal avec l'institution.
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En dépit d'une baisse de 275,1 milliards FCFA par rapport au besoin de financement enregistré en 2024 (2 070,1 milliards FCFA), les marges de manœuvre budgétaires restent contraintes. Le gouvernement camerounais tente ainsi de concilier discipline budgétaire et soutien à l'activité économique, tout en poursuivant la consolidation de la dette.
Le recours aux marchés financiers internationaux notamment à travers des euro-obligations ou des prêts syndiqués traduit cette volonté de diversification des sources de financement et de gestion proactive de la trésorerie. Reste à savoir dans quelles conditions les investisseurs internationaux répondront à l'appel, dans un contexte de resserrement monétaire mondial et de primes de risque toujours élevées sur les marchés émergents.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 20/05/25 14:20
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