Le Cameroun peine à lever 50 milliards FCFA, malgré une forte pression de remboursement

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Le Cameroun poursuit sa stratégie de gestion active de la dette en intensifiant ses opérations sur le marché des valeurs du Trésor de la zone CEMAC. Au cours de la semaine du 7 au 11 avril 2025, le Trésor public camerounais visait une levée de 50 milliards FCFA, à travers deux émissions de titres publics. À l'arrivée, seuls 31,5 milliards ont pu être mobilisés, révélant une tension persistante sur le marché monétaire sous-régional.

Selon les données officielles publiées par la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), le Cameroun a lancé deux adjudications le 7 avril, avec règlement financier fixé au 9 avril. La première portait sur des Bons du Trésor Assimilables (BTA) à 52 semaines, pour un objectif de 25 milliards de FCFA. À l'issue de l'opération, seuls 22,5 milliards FCFA ont été effectivement levés, avec un taux marginal de 7% et un taux de souscription légèrement inférieur à 100%. La seconde émission, plus longue, concernait des Obligations du Trésor Assimilables (OTA) d'une maturité de 3 ans, pour un montant identique de 25 milliards. Elle n'a permis de collecter que 9 milliards FCFA, soit un taux de couverture de 56%, avec un prix marginal de 93%, pour un prix maximum proposé de 100%.

Ces résultats mitigés interviennent alors même que le pays doit faire face à d'importantes échéances sur sa dette intérieure. En effet, le 10 avril, le Trésor a procédé au remboursement d'une OTA à 5 ans (référencée, arrivée à maturité, pour un montant massif de 76,6 milliards FCFA). À cela s'ajoutent plusieurs paiements d'intérêts. 4,37 milliards de FCFA pour l'OTA 5 ans, 325,7 millions FCFA pour une OTA à 2 ans (remboursée le 11 avril), et 600 millions de FCFA pour une OTA à 3 ans réglée le 7 avril. En cumulé, plus de 81,9 milliards FCFA ont été déboursés par l'État en l'espace de quelques jours, tandis qu'un peu plus de 31 milliards ont été levés en retour.

Cette situation illustre le recours accru du Cameroun à des opérations de refinancement pour honorer ses engagements, dans une logique de gestion proactive de la dette. En empruntant à court et moyen terme tout en remboursant des montants plus importants, le pays cherche à lisser son profil d'endettement et à maintenir une présence dynamique sur le marché financier sous-régional.

Cependant, les conditions actuelles du marché compliquent cette stratégie. Le directeur général du Trésor, Moh Sylvester Tangongho, a dressé un tableau préoccupant de la situation lors du colloque international sur la dette souveraine des États de la CEMAC, tenu les 10 et 11 avril à Yaoundé. "Les taux d'intérêts sont élevés. Il y a deux ans, on levait les bons du Trésor de 3 à 6 mois à 2,2%. Actuellement, on est à 6% ; 6,5%", a-t-il alerté. Il a également souligné une baisse drastique de la demande. "Avant, on avait des taux de couverture qui allaient jusqu'à 300%. Aujourd'hui, on peine parfois à lever la totalité des montants sollicités".

Cette contraction du marché s'explique par une baisse généralisée de la liquidité, une hausse des coûts de financement et une concurrence accrue entre les Trésors nationaux de la CEMAC, tous confrontés à des besoins croissants. Dans ce contexte tendu, les investisseurs institutionnels deviennent plus sélectifs, malgré la régularité des émissions camerounaises et un historique de remboursement généralement respecté.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 17/04/25 10:10

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