Niger : La mine d’uranium d’Orano au bord de la faillite

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La tension entre la France et le Niger s'intensifie sur fond de bras de fer autour de l'exploitation de l'uranium. En effet, le groupe nucléaire français Orano (ex-Areva) a tiré ce 2 juillet une sonnette d'alarme sur SOMAIR, sa filiale nigérienne, coentreprise avec l'État du Niger, qui est au bord de la faillite.

Cette annonce relayée par plusieurs sources, marque un nouveau tournant dans le conflit latent entre Orano et le régime militaire de Niamey, arrivé au pouvoir par un coup d'État en juillet 2023. La situation s'est envenimée depuis que les autorités nigériennes ont suspendu les exportations d'uranium, saisi la mine en décembre 2024, puis annoncé en juin 2025 sa nationalisation, accusant le groupe français d'exploitation déséquilibrée.

La SOMAIR, Société des mines de l'Aïr, exploitait jusqu'en 2023 l'une des plus importantes mines d'uranium de la région d'Arlit, dans le Nord du pays. Elle représentait jusqu'à 15 % de l'approvisionnement d'Orano, faisant du Niger un maillon essentiel dans la chaîne d'approvisionnement nucléaire française et mondiale.

Mais selon Orano, la production est à l'arrêt depuis plus d'un an, victime directe des restrictions à l'exportation imposées par le régime militaire. Le groupe affirme avoir averti depuis octobre 2024 de la dégradation financière de la SOMAIR, alors que Niamey insistait pour maintenir des dépenses de production, sans débouché commercial. ‘'L'insistance des autorités nigériennes à poursuivre les dépenses de production à tout prix a mené à la situation actuelle'', déclare Orano dans une réponse adressée à Reuters.

La décision du Niger de nationaliser la SOMAIR s'inscrit dans une dynamique plus large. Comme au Mali, au Burkina Faso ou en Guinée, plusieurs régimes ouest-africains cherchent à renforcer leur souveraineté sur les ressources stratégiques, tout en s'éloignant de l'influence occidentale au profit d'alliances plus diversifiées, notamment avec la Russie.

Niamey reproche à Orano d'avoir accaparé 86,3 % de la production d'uranium depuis 1971, alors qu'il ne détient que 63 % de parts dans la société. Le syndicat national des mineurs accuse même Orano de sabotage et de gestion unilatérale des profits ; des accusations que le groupe français rejette fermement.

Un divorce inévitable ?

Dans ce bras de fer, Orano se retrouve isolé, alors que son partenaire public, la SOPAMIN, refuse depuis plusieurs années de retirer sa part d'uranium lors des cycles de prix bas. Une posture jugée ‘'opportuniste'' par le groupe français, contraint de couvrir seul les pertes pour préserver l'équilibre financier de l'exploitation.

Aujourd'hui, Orano réclame que les dernières ressources de la coentreprise soient consacrées au paiement des salaires et à la sécurisation du site. Il se réserve par ailleurs le droit d'engager des poursuites juridiques contre le Niger, sans pour autant détailler ses intentions à ce stade.

Ce bras de fer se déroule dans un contexte de hausse du prix de l'uranium, qui a atteint récemment un sommet de sept mois à 79 dollars la livre. Si cette dynamique haussière est favorable au marché mondial du nucléaire, elle ne profite pas à Orano, aujourd'hui privé d'accès à l'un de ses gisements les plus stratégiques.

Ce conflit illustre plus largement l'évolution des rapports de force en Afrique de l'Ouest, où les anciennes puissances coloniales perdent progressivement pied face à des gouvernements qui entendent revoir les termes de la coopération économique, notamment dans le secteur minier.

Narcisse Angan

Publié le 04/07/25 17:00

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