Un convoi transportant de l'uranium a quitté ce 27 novembre le site de la Somaïr, à Arlit, dans le Nord du Niger, relançant une crise minière et diplomatique déjà explosive entre Niamey et le groupe français Orano. L'entreprise, écartée de l'exploitation depuis fin 2024 et engagée depuis lors dans une procédure d'arbitrage international, dénonce un ‘'transport illégal'' en violation directe d'une décision du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), institution de la Banque mondiale.
Selon plusieurs sources locales, le convoi escorté par des forces nigériennes, a parcouru environ 250 kilomètres entre Arlit et Agadez, à travers une zone désertique hautement sécurisée. Sur le site de la Somaïr, plus de 1 300 tonnes d'uranium étaient jusqu'ici stockées, faute de pouvoir être exportées depuis la fermeture de la frontière avec le Bénin, principal axe logistique avant le coup d'État de juillet 2023.
La Somaïr, longtemps pilier de l'industrie minière nigérienne, était détenue à 63% par Orano et à 36% par la société d'État Sopamin. Elle a été nationalisée au mois de juin dernier, par les autorités de transition, dans un contexte de rupture politique avec Paris et d'affirmation croissante de la souveraineté minière nationale.
Voir aussi - Niger : Un tribunal de la Banque mondiale interdit à l'État de vendre l'uranium de Somaïr
Dans un communiqué rendu public ce 27 novembre, Orano affirme avoir appris l'existence du convoi par voie de presse, précisant ne pas en être à l'initiative et ne disposer d'aucune information officielle sur la quantité d'uranium déplacée, sa destination finale, ainsi que les conditions de sûreté et de sécurité du transport. Le groupe souligne que cette opération constitue une violation explicite de la décision rendue le 23 septembre dernier par le CIRDI. Le tribunal arbitral avait ordonné à l'État nigérien de ne pas vendre, céder ni faciliter le transfert de l'uranium produit par la Somaïr, au cœur du litige porté par Orano depuis la perte de contrôle opérationnel de ses mines en décembre 2024.
L'entreprise française, qui a déjà lancé deux procédures internationales d'arbitrage, indique qu'elle ‘'poursuivra la défense de ses intérêts avec détermination'' et se réserve le droit d'engager de nouvelles actions complémentaires, y compris pénales contre des tiers qui participeraient à la préemption ou au transfert de matière radioactive. Une vente réalisée en violation d'une décision du CIRDI pourrait exposer Niamey à des sanctions financières lourdes, voire compliquer ses futures négociations avec les bailleurs internationaux. Pour l'heure, l'opacité demeure sur la destination du convoi et sur l'identité éventuelle d'un acheteur.
Narcisse Angan
Publié le 28/11/25 10:44


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