L'OPEP+, alliance stratégique entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires, dont la Russie, a avancé sa réunion au samedi 22 juin, dans un contexte de tensions croissantes sur les marchés pétroliers. En ligne de mire, une quatrième hausse consécutive de la production, à hauteur de 411 000 barils par jour en août, selon des sources proches du dossier.
L'Arabie saoudite, chef de file de l'alliance, veut reprendre rapidement des parts de marché, notamment face à la montée en puissance des producteurs américains de pétrole de schiste. Mais à quel prix ? Cette stratégie offensive intervient au moment même où les fondamentaux du marché s'effritent. La demande mondiale ralentit, les stocks s'accumulent et les prix chutent.
Une stratégie agressive malgré un marché saturé
Depuis mai, les huit principaux membres de l'OPEP+ ont déjà acté une augmentation collective de 411 000 barils par jour chaque mois, soit un rythme trois fois plus rapide que prévu initialement. Ce changement de cap radical rompt avec plusieurs années de discipline de l'offre, qui visaient à soutenir les prix dans un marché fragile.
Le résultat est immédiat, le Brent a chuté de 12% en une semaine, revenant autour de 68 dollars le baril. Si cette baisse soulage les consommateurs, notamment aux États-Unis où Donald Trump milite ouvertement pour un carburant bon marché, elle fragilise l'équilibre budgétaire de nombreux pays producteurs, dont certains ont besoin d'un prix supérieur à 80 dollars pour équilibrer leurs finances publiques.
Le retour de la ‘'guerre des parts de marché'' ?
Le virage opéré par Riyad s'apparente à un retour à la logique de guerre des parts de marché, comme celle qui avait plongé le marché pétrolier dans une crise en 2014. L'objectif est de contenir la montée en puissance des producteurs américains, plus compétitifs grâce à des innovations technologiques et une fiscalité allégée.
Mais cette stratégie est délicate, puisqu'en inondant le marché, l'OPEP+ risque de faire chuter davantage les prix, dans un contexte où la demande est affaiblie par plusieurs facteurs. Il s'agit notamment du ralentissement économique en Chine, principal moteur de la consommation mondiale d'énergie ; la détente géopolitique entre Israël et l'Iran, qui apaise les craintes sur l'approvisionnement en pétrole du Moyen-Orient ; et l'accumulation de stocks mondiaux, qui ont augmenté d'environ 1 million de barils par jour ces derniers mois.
Le scénario d'un excédent mondial se précise
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les marchés pétroliers devraient entrer dans une phase d'excédent substantiel au second semestre 2025, notamment à cause de la croissance de l'offre dans les Amériques, y compris le Brésil et le Canada. De son côté, JPMorgan anticipe une poursuite de la baisse des prix, avec un Brent potentiellement sous les 65 dollars à l'automne.
Cette dynamique menace de déséquilibrer les économies pétro-dépendantes, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale, où les recettes pétrolières restent une source majeure de devises et de financement public.
L'OPEP+ est dès lors confrontée à un dilemme majeur : relancer l'offre pour défendre ses parts de marché à court terme, mais au risque de déstabiliser les prix ; ou resserrer à nouveau la production pour éviter une surabondance et préserver un niveau de prix soutenable, mais en acceptant de céder du terrain à ses concurrents.
Dans ce contexte, la réunion de samedi s'annonce décisive. Plus qu'une simple coordination technique, il s'agira de redéfinir le rôle même de l'OPEP+ dans un marché mondialisé, de plus en plus influencé par les forces de la concurrence et par les enjeux climatiques.
La Rédaction
Publié le 04/07/25 16:53
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