La 13e édition de la CGECI Academy, la grand-messe économique annuel du secteur privé ivoirien, s'est ouverte ce 29 septembre au Sofitel Hôtel Ivoire d'Abidjan, sur un thème à forte résonance : ‘'Souveraineté économique : le temps de l'action''. Un slogan qui traduit la volonté des autorités et du secteur privé ivoirien de passer des diagnostics aux actes concrets, dans un contexte mondial marqué par des crises multiples et une compétition accrue pour le contrôle des chaînes de valeur.
Cette édition 2025, co-organisée par Mansa Bank, filiale de Mansa Financial Group, a enregistré la présence de plusieurs personnalités, dont la secrétaire générale de l'OIF, Organisation internationale de la francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, le nouveau président de la BAD, Banque africaine de développement, le Mauritanien Sidi Ould Tah, etc.
Dans son allocution d'ouverture, le premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé a dressé un bilan économique encourageant. Il a relevé une croissance supérieure à 6% en 2024, des projections à 6,5% en 2025 et 6,7% sur la période 2025-2027, un déficit budgétaire maîtrisé autour de 3% du PIB, et une inflation contenue. La capacité électrique installée a plus que doublé en dix ans et la production vivrière est passée de 11,5 millions de tonnes en 2011 à 23,6 millions en 2024.
Ces avancées, a-t-il souligné, ne sauraient suffire sans un secteur privé fort, innovant et compétitif. ‘'La souveraineté économique devient un impératif national. Elle implique la capacité de produire et de transformer localement nos ressources, de réduire notre dépendance technologique, de consolider nos chaînes de valeurs régionales et de concourir à de nouveaux marchés, et former massivement notre jeunesse pour consolider l'avantage que nous confère la démographie (..). La souveraineté économique est l'affaire de tous'', a déclaré le chef du gouvernement ivoirien, rappelant que l'État doit créer un cadre propice pour les entreprises de sorte à leur donner le pouvoir d'innover davantage.
Le secteur privé en première ligne
De son côté, le président de la CGECI, Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (patronat ivoirien), Ahmed Cissé, a salué l'engagement du gouvernement en faveur du secteur privé, désormais érigé en moteur de la transformation structurelle du pays. Tout en réaffirmant son attachement à la francophonie économique et au partenariat avec les grandes institutions financières, il a insisté sur la nécessité de repositionner l'Afrique comme actrice de son propre développement, citant en exemple le Maroc, pays invité d'honneur de cette édition 2025.
Le modèle marocain, incarné par le port Tanger Med et sa plateforme industrielle intégrée, illustre selon lui, la capacité d'un pays africain à transformer ses choix stratégiques en leviers de souveraineté logistique et industrielle.
L'Afrique en quête d'autonomie
La dimension continentale a également été mise en avant. Le nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD), Sidi Ould Tah, a articulé sa vision autour de quatre piliers. Il s'agit de la mobilisation des ressources financières, la réforme des architectures financières, la valorisation des compétences scientifiques et techniques, et le développement d'infrastructures résilientes. Une stratégie qui, selon lui, doit intégrer pleinement les jeunes et les femmes comme moteurs de la croissance inclusive.
Un forum de solutions et d'alliances
Au-delà des discours, la CGECI Academy 2025 veut être un laboratoire d'idées et de solutions pratiques. Le panel inaugural, intitulé ‘'De la dépendance à la puissance : construire la souveraineté de l'Afrique'', a réuni des experts ivoiriens, marocains et internationaux, parmi lesquels le ministre ivoirien en charge des Finances, Adama Coulibaly, le vice-président Afrique de la Société financière internationale, Ethiopis Tafara, et l'investisseur Paulo Gomes.
Les travaux, qui se poursuivront jusqu'au 30 septembre, devraient aboutir à des recommandations concrètes à l'intention des acteurs économiques et institutionnels, avec un objectif clair : transformer la souveraineté économique en dynamique collective, capable de hisser la Côte d'Ivoire et l'Afrique parmi les nouvelles puissances émergentes.
Narcisse Angan
Publié le 29/09/25 20:18