Covid-19 : Scandale autour de 320 millions $ de ''Pandemic Bonds'' destinés aux pays les plus pauvres

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Mises sur les rails le 21 mai 2016 à Sendai au Japon par la Banque mondiale, les obligations pandémiques (pandemic bonds) représentent un mécanisme de financement novateur, conçues pour lever des fonds en cas de pandémies mortelles. Et ces fonds sont ensuite destinés aux 77 pays les plus pauvres au monde, dont 39 se trouvent sur le continent africain.

Qu'est-ce que les pandemic bonds ?

Dans le détail, il s'agit de deux obligations d'une valeur totale de 320 millions de dollars : une première tranche appelée classe A, portant sur un montant de 225 millions de dollars et la classe B estimée à 95 millions de dollars.

Ces obligations fonctionnent selon le principe d'une assurance classique : tant qu'il n'y a pas de " pandémie " telle que définie dans le contrat, les investisseurs détenteurs de ces obligations touchent des intérêts annuels très élevés, pouvant même atteindre jusqu'à 14%, versés par des " pays parrains " comme l'Allemagne et le Japon.

En revanche, lorsqu'une pandémie se déclare, les investisseurs peuvent perdre tout ou partie de leurs capitaux investis, reversés à un fonds spécifique de la Banque mondiale qui servira à la lutte contre ladite pandémie.

De façon spécifique, l'obligations de classe A est rémunérée à un taux d'intérêt de 6,5% et son détenteur ne peut perdre que 16,67% de son capital en cas de pandémie, donc moins risquée.

A l'opposé, plus risquée, l'obligation de classe B garantit à son détenteur le paiement d'un taux d'intérêt très avantageux de 11,1%, mais ce dernier peut perdre la totalité de son capital en cas de pandémie.

Avec les conditions économiques et sociales actuellement difficiles dans le monde du fait de la propagation rapide de la pandémie de Covid-19, le déblocage des fonds générés par les pandemic bonds devrait être acté.

Ou alors, quelles sont les différentes conditionnalités exigibles pour un déblocage de ce fonds ?

Des critères restrictifs, mais compréhensibles selon la Banque mondiale

En effet, selon la Banque mondiale, l'épidémie devrait durer au moins 12 semaines et entraîner au moins 2 500 décès pour la plus risquée des deux obligations, et 250 décès pour l'autre dans le pays d'origine de l'épidémie. Il faut également qu'il y ait au moins 20 décès dans un second pays.

Lorsque toutes ces conditions sont remplies, un versement est effectué à certains pays pauvres qui ont besoin d'aide pour contenir l'épidémie.

Pour l'institution de Bretton Woods, ces critères, jugés restrictifs, associés aux taux d'intérêt élevés, étaient nécessaires pour attirer les investisseurs.

La pandémie de Covid-19 dépasse-t-il ces seuils ?

Avec 30 451 décès causés à ce jour dans le monde, dont 136 en Afrique, la pandémie de Covid-19 a largement dépassé ces seuils.

C'est pourquoi, nous estimons que les pays africains identifiés par la Banque mondiale elle-même comme faisant partie des pays les plus vulnérables sur le front de cette crise sanitaire, ont légitimement le droit de réclamer le déblocage de ce fonds.

Par ailleurs, les critères prévoient également l'écoulement d'une durée de 84 jours entre le premier rapport de situation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les premiers versements. Ce rapport a été publié le 21 janvier 2020 dernier, ce qui signifie que les premiers versements n'auront pas lieu avant avril, ce qui pourrait être un peu tard au regard de la vitesse de progression des victimes.

Une situation dénoncée par certains économistes de premier plan dont Lawrence Summers, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, qui a remis en cause le concept et le mécanisme de ces obligations, présentées pourtant comme un moyen pour se prémunir des pandémies dans les pays pauvres.

Dr Ange Ponou

Publié le 30/03/20 12:01

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