Etats-Unis : Trump annonce une surtaxe de 3,5% sur les transferts internationaux d’argent de la diaspora

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Le président américain Donald Trump ne lâche pas prise. En effet, les transferts d'argent émis par des non-citoyens, c'est-à-dire la quasi-totalité des migrants depuis les Etats-Unis vers l'Afrique et les autres continents, seront davantage taxés à hauteur de 3,5% dès 2026, relaient plusieurs sources internationales.

Une mesure passée presque inaperçue dans les plus de mille pages d'un vaste projet de loi approuvé, il y a une dizaine de jours par le sénat américain, pourrait avoir des répercussions massives sur les économies des pays du Sud, et en particulier sur celles du continent africain. Cette disposition, voulue et assumée par l'administration Trump comme un levier anti-immigration, suscite une profonde inquiétude dans les capitales du Sud et parmi les acteurs du développement. Le projet est clair : taxer les flux financiers des diasporas pour financer les agences de sécurité aux frontières et la politique migratoire des États-Unis. Mais derrière cette stratégie, c'est l'un des canaux les plus stables et les plus vitaux de financement des pays en développement qui se retrouve directement menacé.

‘'Cette nouvelle taxe aura des conséquences bien plus graves que la réduction de l'aide publique au développement'', a alerté un expert du Center for Global Development (CGD), structure œuvrant à la réduction de la pauvreté dans le monde et à l'amélioration des conditions de vie, basé à Washington. En effet, les transferts d'argent des migrants sont une source fiable, souvent plus stable que les investissements étrangers ou les fonds d'aide conditionnée. Ils jouent un rôle crucial pour les dépenses de première nécessité (alimentation, santé, éducation).

Une mesure aux effets pervers

Avec cette nouvelle taxe, un migrant non américain devra désormais débourser près de 10 dollars pour envoyer 100 dollars à ses proches, en additionnant les frais de transfert classiques (environ 6 %) aux 3,5 % prélevés par l'État fédéral. Ce renchérissement risque de pousser une partie des transferts vers des circuits informels ou l'utilisation de cryptomonnaies, bien plus difficiles à réguler. Avec à la clé, un terreau fertile pour les fraudes, les arnaques et les financements illicites, préviennent déjà plusieurs ONG. Les pays du Sud, qui voient déjà fondre l'aide américaine depuis plusieurs années, notamment dans les secteurs clés comme la lutte contre le VIH ou le paludisme via l'USAID, redoutent un nouveau choc exogène, à un moment où la conjoncture mondiale reste fragile.

L'Afrique en première ligne

L'Afrique, déjà fortement dépendante des transferts de ses diasporas, se retrouve au cœur de la tourmente. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon la Banque mondiale, en 2024, 56 milliards de dollars ont été transférés vers l'Afrique subsaharienne. Près de 10 milliards provenaient des États-Unis. Le Nigéria, le Libéria ou encore le Sénégal, figurent parmi les principaux bénéficiaires. Au Liberia, les transferts représentent jusqu'à 20 % du PIB.
Le Nigéria, qui a reçu plus de 5,7 milliards de dollars en provenance des États-Unis en 2021, est particulièrement exposé. Le Sénégal et le Liberia suivent de près. Le continent noir deviendrait, avec l'entrée en vigueur de cette taxe, la principale victime d'un projet de loi à visée intérieure. ‘'On fait payer aux migrants le mur de Trump'', ironise un économiste africain basé à New York. ‘'Ce n'est plus simplement une politique migratoire. C'est une ponction sur la solidarité'', a-t-il lancé.

Vers un bras de fer diplomatique ?

Face à cette mesure, peu de pays ont officiellement réagi, préférant attendre l'adoption définitive du texte. Mais dans les chancelleries africaines, le ton monte en privé. ‘'Si cela passe, ce sera une rupture de solidarité inacceptable'', confie un diplomate ouest-africain. ‘'Nous comptons sur nos diasporas, pas sur l'aide. Et on veut maintenant taxer cette solidarité ?'', s'est-il interrogé.

Alors que les flux migratoires Sud-Nord ne cessent d'alimenter le débat politique dans les pays riches, le risque est désormais que ces politiques pénalisent doublement les pays d'origine : par le départ de leurs jeunes et par la taxation de leurs envois. Si la mesure entre en vigueur, elle pourrait créer un précédent, inspirer d'autres pays, et faire des diasporas une nouvelle cible fiscale déguisée.

Narcisse Angan

Publié le 15/07/25 10:37

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