Eurobonds : Les pays africains pris au piège du covid-19

ISIN : BRVMC0000000 - Ticker : BRVMC

Les incertitudes économiques et sociales liées à la crise du covid-19 couplées à la chute des cours du pétrole ont poussé les investisseurs à déserter les marchés internationaux des obligations.

Conséquence de la baisse d'acteurs sur les marchés et des risques anticipés en particulier dans les pays en développement, les rendements sur ces marchés enregistrent des bonds importants.

" Lorsqu'une crise comme celle-ci éclate, les investisseurs réduisent le risque des portefeuilles et il leurs est beaucoup plus facile de se retirer d'actifs plus liquides tels que les euro-obligations ", a confié à la rédaction d'Euromoney Samir Gadio, responsable de la stratégie Afrique chez Standard Chartered.

Après le Ghana qui a réussi à emballer le marché avec une levée de 3 milliards de dollars, sursouscrite à hauteur de 5 fois ce montant (sur des maturités allant jusqu'à 41ans à des taux entre 6 et 8,9%), d'autres pays africains attendaient de lancer leurs opérations d'euro-obligations quand le covid-19 a commencé à se propager de la Chine vers le reste du monde entretenant la méfiance des marchés. Il s'agit du Nigéria, de la Côte d'Ivoire, du Bénin et de l'Afrique du Sud.

Voir aussi - Ghana : L'eurobond suscite l'euphorie du marché international

A titre d'illustration, selon le confrère, les rendements de l'euro-obligation 2031 du Nigéria ont presque doublé passant à 12,1% le 13 mars dernier contre 6,8% le 21 février. Dans ces conditions, si Abuja devait émettre un eurobond le 13 mars dernier, le taux d'intérêt de référence des investisseurs aurait été autour de 12,1% ! Un niveau trop élevé, quasi suicidaire pour un Etat.

Voir aussi - Nigéria : L'eurobond de 3,3 milliards $ se précise

Il faut bien imaginer que ce niveau d'exigence de rendements à certainement augmenté dans un contexte où le cours du pétrole a continué à chuter alors que les rumeurs d'une probable dévaluation du naira restent persistantes. A noter qu'en milieu de semaine, le pays avait renoncé à emprunter un peu plus de 22 millions de dollars sur le marché financier international en raison certainement du durcissement des conditions de marché.

" Cela peut être irrationnel : dans certains cas, les gens préfèrent détenir des bons du Trésor américain à des niveaux particulièrement faibles ou des bunds allemands à des taux d'intérêt négatifs plutôt que des euro-obligations africaines à hauts rendements - même lorsqu'ils pensent qu'une reprise (économique) se produira " a confié à Euromoney un analyste.

Voir aussi - Côte d'Ivoire : 490 milliards FCFA veut mobiliser sur le marché international en 2020

La hausse des rendements actuels ne sont donc pas attractifs pour les pays africains candidats à des levées de fonds sur les marchés internationaux. C'est le cas de la Côte d'Ivoire qui a annoncé vouloir  lever 490 milliards FCFA (environ 747 millions d'euros) sur ces marchés dont 230 milliards FCFA (350,6 millions d'euros) d'eurobond cette année. Des projets qui devraient être reportés selon plusieurs sources.

Voir aussi - Akufo Addo appelle à la suppression de la ''Prime de risque africaine'' sur les marchés des capitaux

Jean Mermoz Konandi

Publié le 20/03/20 17:11

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

ACTUALITES RELATIVES
04/11/2025 Guinée équatoriale : La dette publique a reculé de 550 milliards FCFA entre 2020 et 2024
04/11/2025 Congo : L'australien Blaze Minerals met le cap sur Loulombo en misant 1 milliard FCFA
04/11/2025 Sénégal : GTA produit 6,8 millions de tonnes de gaz au troisième trimestre 2025
04/11/2025 Le Mali inaugure sa 2e mine de lithium d’un coût d’investissement de 37 milliards FCFA
04/11/2025 Infrastructure : Une facilité de financement 1,5 milliard USD structurée par l’AAMFI et l’AUDA-NEPAD
04/11/2025 Ghana : L’Allemagne va débloquer 65 millions d’euros pour accélérer la transition énergétique
04/11/2025 Nigeria : La NNPC muscle sa transparence en prélude à son introduction en bourse
04/11/2025 Sénégal/FMI : Enjeux et implications d’un nouveau cadre de partenariat