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En Guinée équatoriale, le secteur non pétrolier a renforcé son poids dans le produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2024, atteignant 72,1 %, contre 67,5 % à la même période en 2023, selon les comptes nationaux trimestriels publiés par l'Institut national de la statistique (Inege).
Mais cette évolution, en apparence structurelle, appelle à la prudence. En effet, le rapport de l'Inege souligne que, malgré la hausse de la part du secteur non pétrolier, une large frange de ces activités reste indirectement alimentée par les recettes issues du pétrole. L'administration publique, la construction, les services ou encore certains projets d'infrastructures demeurent largement dépendants des ressources fiscales générées par l'activité pétrolière. Le poids croissant de ce segment ne traduit donc pas nécessairement une autonomie économique vis-à-vis de l'or noir, précise l'institution.
Dans le détail, la recomposition du PIB par secteur productif montre un net renforcement du tertiaire, qui s'est établi à 54,8 % du PIB au cours de la période susmentionnée, contre 20,9 % pour le primaire et 24,8 % pour le secondaire. La contribution de l'administration publique à elle seule représente 29,8 % du PIB, loin devant les transports et communications (9,5 %), les activités commerciales (7,0 %) ou encore les activités regroupées (25,7 %).
À en croire l'Inege, ce basculement vers le tertiaire illustre à la fois une modernisation progressive de l'économie et une fragilité structurelle, car nombre de ces activités restent arrimées à la dépense publique, elle-même financée en majorité par la rente pétrolière.
En parallèle, la part du secteur pétrolier dans le PIB a reculé à 27,9 % au quatrième trimestre 2024, contre 32,5 % un an plus tôt. Les activités extractives pèsent désormais 16,2 % du PIB, et la raffinerie de produits pétroliers, 11,9 %. Ce recul est à mettre en perspective avec la contraction des recettes pétrolières. En 2024, une enveloppe de 1 123,6 milliards FCFA a été collectée par l'État, en baisse de 19,6 % par rapport à 2023.
Cette diminution s'explique par la volatilité persistante des prix du brut et la baisse des volumes exportés sur plusieurs trimestres. L'année 2024 a été marquée par des performances inégales, illustrées par un creux au premier trimestre (201,5 milliards FCFA), un sursaut au second trimestre (341,7 milliards), suivi d'un nouveau repli au trimestre suivant (255,3 milliards) et d'une légère remontée au quatrième trimestre (325,1 milliards). Malgré cette baisse, le pétrole demeure la principale source de revenus de l'État, représentant plus de 80 % des recettes publiques.
En comparaison, les recettes non pétrolières ont progressé de 10,9 % en un an, pour atteindre 262,9 milliards FCFA. Une dynamique encourageante, mais qui reste marginale à l'échelle du budget national.
Face à cette dépendance persistante, la Banque mondiale propose une série de réformes pour diversifier l'économie équato-guinéenne. Son rapport pays 2024, publié au mois de mars, recommande de simplifier les démarches administratives, de réduire le capital minimum requis pour créer une entreprise et de numériser le registre du commerce, afin d'attirer davantage d'investisseurs privés.
L'institution plaide également pour renforcer la gouvernance des entreprises publiques, sécuriser les droits de propriété et réformer le cadre des partenariats public-privé (PPP). À cela s'ajoute une série de mesures pour améliorer la mobilisation des recettes non pétrolières : rationalisation des exonérations fiscales, augmentation des droits d'accise et meilleure gestion du recouvrement fiscal.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 24/04/25 17:12
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