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Le bras de fer entre l'État malien et Barrick Mining semble amorcer un nouveau virage. Près de six mois après l'arrêt brutal des opérations du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, les installations de la multinationale canadienne à Bamako ont rouvert en début de semaine, cette fois sous la supervision d'un administrateur judiciaire nommé par les autorités maliennes. L'ancien ministre de la Santé, Soumana Makadji, a été désigné pour diriger provisoirement les affaires de Barrick dans le pays, dans un contexte de litige profond mêlant fiscalité, souveraineté économique et incertitudes juridiques.
Cette décision intervient après que le complexe minier qui représente à lui seul près de 14 % de la production mondiale de Barrick a été placé sous administration provisoire le 16 juin, à la suite d'un jugement rendu par un tribunal de Bamako. Le nouveau gestionnaire a d'ores et déjà pris ses fonctions et annoncé son intention de se rendre sur le site dès demain mercredi pour organiser une reprise partielle des activités, suspendues depuis janvier. Selon ses premières déclarations, la priorité est de relancer les exportations d'or afin de restaurer l'autonomie financière de la mine et garantir la stabilité des emplois.
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En toile de fond, le contentieux reste entier. Au cœur du différend : la réforme du code minier adoptée en 2023 par Bamako, qui renforce la part de l'État dans les revenus miniers et accroît la fiscalité sur les opérateurs étrangers. Barrick, qui exploite Loulo-Gounkoto, dénonce une remise en cause des conventions existantes et conteste l'application rétroactive de certaines mesures. La société a d'ailleurs engagé un recours auprès d'un tribunal arbitral international et prévoit de faire appel de la récente décision judiciaire malienne.
Depuis plus d'un an, les tensions se sont intensifiées. En novembre 2024, le gouvernement malien a suspendu les exportations d'or de Barrick, saisissant trois tonnes de métal précieux. En janvier 2025, les opérations du complexe ont été arrêtées, plongeant l'un des plus grands sites miniers du continent dans l'incertitude. Barrick, dont Loulo-Gounkoto constitue la deuxième source de revenus après sa mine de Carlin au Nevada, a dû revoir ses objectifs annuels, retirant la contribution du site de ses prévisions pour 2025.
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Mais au-delà du litige fiscal, se joue une bataille plus vaste autour du contrôle des ressources stratégiques. En arrière-plan, le permis d'exploitation de Loulo arrive à expiration en février 2026. Le gouvernement, qui n'a toujours pas répondu à la demande de renouvellement déposée il y a quatre mois, laisse planer l'ambiguïté.
Si Barrick affirme vouloir maintenir le dialogue et se dit ouvert à une solution négociée, le calendrier joue contre elle. D'ici février 2026, un compromis devra être trouvé, faute de quoi la société pourrait perdre l'un de ses actifs les plus stratégiques en Afrique.
La Rédaction
Publié le 24/06/25 15:09
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