Mali : Barrick face à la menace d’une perte de permis minier clé sur fond de tensions fiscales

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 11h27min

La tension est palpable entre le géant minier canadien Barrick Gold Corporation et l'État malien. Après avoir vu son complexe aurifère de Loulo-Gounkoto placé sous administration provisoire par un tribunal malien cette semaine, l'entreprise est désormais confrontée à un nouveau risque majeur, celui lié à la non-reconduction d'un permis d'exploitation qui arrive à expiration en février 2026.

Le permis de Loulo, couvrant notamment les installations de traitement, est indispensable au bon fonctionnement du complexe. Barrick a déposé une demande de renouvellement il y a quatre mois, mais le gouvernement malien n'a toujours pas répondu. Le site voisin de Gounkoto, bien que stratégique, reste sous un permis valable encore 17 ans, mais ne peut opérer sans la synergie de Loulo. Ce flou réglementaire intervient alors que l'administration provisoire du site par l'État court également jusqu'à février, faisant de cette échéance un moment décisif pour l'avenir de Barrick au Mali.

Un conflit fiscal devenu politique

À l'origine des tensions, une réforme du code minier malien engagée en 2023. Le gouvernement exige depuis le paiement d'arriérés d'impôts et impose un nouveau cadre légal qui accroît sa part dans les coentreprises minières. Barrick, qui estime que ses filiales sont protégées par des conventions stables juridiquement contraignantes, a saisi un tribunal arbitral international pour contester l'application rétroactive de cette législation.

Entre-temps, les relations se sont envenimées. Quatre employés de Barrick ont été arrêtés, les exportations d'or suspendues, et l'entreprise a été contrainte de fermer temporairement le complexe de Loulo-Gounkoto en janvier 2025. Ce site était pourtant, après la mine de Carlin au Nevada, la deuxième source de revenus mondiale du groupe, à un moment où le prix de l'or atteint des sommets historiques.

L'État malien garde ses options ouvertes

Dans une lettre adressée en octobre 2024 à Mark Bristow, PDG de Barrick, le ministre malien des Finances Alousseni Sanou a clairement laissé entendre que le renouvellement du permis de Loulo n'était pas garanti, affirmant que ‘'le Mali se réserve le droit de ne pas renouveler'' la licence. Cette déclaration jette un doute profond sur les perspectives de long terme de l'entreprise dans le pays.

Alors que d'autres acteurs miniers comme B2Gold Corp. ou Allied Gold Corp. ont trouvé un terrain d'entente avec les autorités, Barrick se retrouve dans une impasse. L'entreprise a interjeté appel de la décision judiciaire qui a placé le complexe sous contrôle provisoire, mais elle continue de déclarer sa volonté de parvenir à une solution négociée.

Ce bras de fer illustre une recomposition du pouvoir économique et réglementaire dans les pays riches en ressources naturelles. Pour le Mali, il s'agit de reprendre le contrôle de ses actifs miniers et de mieux capter les revenus issus de l'exploitation de l'or. Pour Barrick, il en va de la sécurité juridique de ses investissements et de la préservation de son modèle fondé sur des accords stables.

À l'approche de l'expiration du permis de Loulo, les enjeux sont colossaux. Pour le Mali, il s'agit d'un test de souveraineté économique ; pour Barrick, une bataille juridique et opérationnelle cruciale pour son implantation en Afrique de l'Ouest. Le mois de février 2026 pourrait bien être le point de bascule de cette confrontation.

La Rédaction

Publié le 19/06/25 17:07

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

LEVByZsTbt_jEnHhxAojEM7Gp_0UbvI2yPL7hzV439M False