L'américain Starlink obtient une autorisation pour opérer au Tchad

Ce 13 mars 2025, le Tchad a fait un pas de géant vers l'amélioration de son infrastructure numérique en octroyant une licence d'exploitation à Starlink, la branche télécom du groupe SpaceX dirigée par Elon Musk. La cérémonie de signature s'est déroulée sous l'égide du ministre des Télécommunications, de l'économie numérique et de la digitalisation de l'administration, Dr Boukar Michel, en présence de plusieurs membres du gouvernement. Le Directeur général de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (Arcep), Haliki Choua Mahamat, et le Directeur marketing de SpaceX, Ben MacWilliams, ont apposé leurs signatures sur les documents officiels, entérinant ainsi l'accord.

Selon le ministère des Télécommunications, cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'engagement du président tchadien, à déployer la connexion Internet haut débit sur tout le territoire national d'ici 2030. " La signature de la convention d'octroi de la licence à Starlink est le fruit de plusieurs mois de discussions approfondies afin de garantir un cadre règlementaire, sécuritaire et économique conforme aux exigences nationales et internationales. Contrairement à certains pays qui ont accordé une licence sans formalisation stricte des engagements, explique le Ministre, le Tchad a veillé à la sécurisation de tous les aspects stratégiques avant d'envisager l'entrée officielle de Starlink sur le marché tchadien. ", peut-on lire sur le compte X du ministère sus-évoqué.

Le marché de l'Internet au Tchad est actuellement dominé par deux principaux opérateurs. Il s'agit de Moov Africa Tchad, filiale du Groupe Maroc Telecom, et Airtel Tchad. Au troisième trimestre 2024, Moov Africa Tchad comptait 6,7 millions d'abonnés, représentant une part de marché de 55 %, ce qui en fait le leader du secteur. Cependant, les citoyens se plaignent souvent de la mauvaise qualité des services télécoms, en particulier de l'Internet. Des pannes majeures, comme celle du 15 octobre 2024 qui a duré environ 24 heures, ont mis en lumière la nécessité d'améliorer les infrastructures existantes.

Pour remédier à ces défis, le gouvernement a annoncé plusieurs projets visant à moderniser le réseau télécom national et à réduire les coûts des services pour les consommateurs. Parmi ces initiatives figure le lancement prochain du réseau de Salam, filiale de l'opérateur historique Sotel, annoncé en novembre 2024, qui mettra fin au duopole existant et renforcera la concurrence sur le marché.

L'arrivée de Starlink pourrait transformer le paysage numérique tchadien en offrant une alternative aux services existants. Bien que les tarifs pour le Tchad n'aient pas encore été officiellement annoncés, il est pertinent de noter qu'au Bénin, où Starlink est présent depuis novembre 2023, l'abonnement mensuel est de 30 000 francs CFA, avec un terminal vendu à 400 000 FCFA, d'après des informations glanées auprès de médias locaux.

Parallèlement, la Banque mondiale a approuvé en septembre 2024 un don de 92,2 millions de dollars pour étendre l'accès à une connectivité haut débit abordable et résiliente au climat dans des zones ciblées du Tchad. Ce projet vise à renforcer les cadres institutionnels et à améliorer les services publics numériques, offrant ainsi à plus de 4,5 millions de personnes dans les zones rurales un accès au haut débit.

Avec cette autorisation, le Tchad devient l'un des premiers pays de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) à permettre à Starlink d'opérer sur son territoire. À l'inverse, des pays comme le Cameroun interdisent encore les activités de l'opérateur américain. Les autorités camerounaises invoquent des préoccupations liées à la sécurité nationale et à la régulation du secteur des télécommunications pour justifier cette interdiction. D'autres pays de la Cemac partagent des positions similaires, freinant ainsi l'expansion de Starlink dans la région.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 14/03/25 15:44