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La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), vient de lancer un dispositif financier destiné à soutenir l'introduction en bourse de quatre entreprises supplémentaires à la Bourse des valeurs mobilières de l'Afrique centrale (BVMAC). Ce soutien prend la forme d'une enveloppe de 223 780 dollars, soit près de 143 millions de francs CFA, mobilisée sur les ressources du Fonds d'aide au secteur privé africain (FAPA), géré par la BAD.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Projet d'appui au marché financier unifié d'Afrique centrale (PAMFUAC), piloté par l'Unité de gestion des réformes des institutions financières de la CEMAC (UGRIF). Elle cible en priorité les frais afférents aux opérations d'introduction en bourse, notamment les commissions dues aux régulateurs (COSUMAF et BVMAC), les coûts liés aux conseils juridiques et financiers, ainsi que les honoraires des commissaires aux comptes. Seules les entreprises n'étant pas encore cotées peuvent prétendre à ce soutien, sous réserve d'une approbation conjointe de la BEAC, de la BAD, de la COSUMAF et de la BVMAC.
L'objectif de ce mécanisme est de relancer un marché boursier régional encore peu actif, malgré des engagements politiques répétés. Depuis l'unification du marché financier sous-régional en 2019, les six États membres de la CEMAC avaient convenu de céder partiellement ou totalement en bourse leurs participations dans des entreprises publiques ou issues de partenariats public-privé. À ce jour, seuls deux établissements, la Société commerciale gabonaise de réassurance (SCG-Ré) et la banque équato-guinéenne Bange Bank, ont concrétisé cette ambition.
Sur les 17 entreprises publiques officiellement identifiées par cinq pays de la zone (Cameroun, Gabon, Congo, Guinée équatoriale et Centrafrique), aucune autre n'a encore franchi l'étape de l'introduction en bourse. Un blocage que le directeur général de la BVMAC, Louis Banga Ntolo, attribuait, dans une interview publiée en janvier 2024 sur Sikafinance, à l'inertie des dirigeants d'entreprises peu enclins à ouvrir leur gouvernance à l'évaluation publique, et celle d'autorités nationales peu enclines à faire appliquer leurs propres décisions.
Un discours qui ne fait pas l'unanimité au Cameroun. Ici on parle plutôt de restructuration des entreprises ciblées, notamment Aéroports du Cameroun, Sodecoton, le Port autonome de Douala et Cameroon Hotels Corporation, avec l'appui de l'Agence française de développement (AFD). A en croire les autorités locales, cette démarche vise à moderniser leur gouvernance et leur fonctionnement avant toute cotation. L'AFD insiste sur la nécessité d'un accompagnement juridique et opérationnel pour garantir une transparence accrue et renforcer la confiance des investisseurs.
Mais l'atonie du marché boursier régional n'est pas uniquement imputable aux entreprises publiques. Le positionnement dominant du marché des titres publics, géré par la BEAC, constitue une autre contrainte structurelle. Plus souple, plus accessible et historiquement privilégié par les Trésors nationaux, ce marché attire l'essentiel des levées de fonds. Fin mars 2025, l'encours des titres publics émis par les États de la CEMAC frôlait les 8 500 milliards FCFA.
Les entreprises intéressées ont désormais la possibilité de manifester leur intérêt auprès de l'UGRIF. Cette étape devra être suivie de courriers formels adressés à la COSUMAF et à la BVMAC, attestant de leur engagement dans un processus d'appel public à l'épargne. Pour ces structures, c'est l'occasion d'accéder à des sources de financement à long terme, dans une région où la diversification des mécanismes de financement reste un enjeu crucial de développement économique.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/07/25 12:29
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