La Guinée équatoriale veut centraliser l’achat de l’or artisanal pour renforcer ses réserves

La Guinée équatoriale entend renforcer son contrôle sur la filière aurifère artisanale en s'imposant comme l'unique acheteur légal de l'or alluvial produit sur son territoire. Cette décision s'inscrit dans un projet plus vaste de formalisation et de sécurisation de la production nationale, dans un contexte de croissance soutenue de l'activité minière informelle ces dernières années.

Un projet d'arrêté fixant le nouveau cadre réglementaire a été examiné ce 11 juin, à Malabo, au cours d'une réunion présidée par le Premier ministre chargé de la Coordination administrative, Manuel Osa Nsue. Y ont pris part plusieurs membres du gouvernement, notamment les ministres en charge des Hydrocarbures et du Développement minier, des Finances, de la Planification, du Trésor et du Patrimoine de l'État, ainsi que des techniciens des départements concernés.

Cette rencontre fait suite aux instructions données par le vice-président de la République, Teodoro Nguema Obiang Mangue, qui a récemment chargé la Présidence du gouvernement et le ministère des Hydrocarbures d'élaborer l'ensemble des textes nécessaires pour encadrer juridiquement la production d'or alluvial. Cette activité est aujourd'hui largement informelle, échappant au contrôle de l'État, et ne contribue pas efficacement à l'économie nationale.

Le projet d'arrêté soumis à l'examen du gouvernement prévoit la mise en place d'un dispositif réglementaire destiné à formaliser les coopératives artisanales, encadrer leur activité et instituer un système de contrôle et de traçabilité de la production. L'objectif est d'éviter la commercialisation illicite de l'or, de protéger le patrimoine minier national, de lutter contre les pertes fiscales et de préserver la sécurité économique de l'État. La disposition centrale du texte stipule que l'État, à travers une entité habilitée, sera le seul acheteur autorisé de l'or issu de l'exploitation artisanale, afin de constituer une réserve stratégique d'or.

Le projet entend également améliorer l'accès au marché formel pour les producteurs. Actuellement, un seul point d'achat officiel est opérationnel à Niefang. Face à la dispersion géographique de la production artisanale, le gouvernement envisage soit la création de nouveaux comptoirs d'achat dans les zones à forte activité aurifère, soit la mise en place d'un système mobile de collecte à l'aide de véhicules spécialisés.

Dans l'attente de l'adoption formelle du texte par le vice-président de la République, le Premier ministre a demandé au ministère des Hydrocarbures et du Développement minier de procéder à l'identification de l'ensemble des acteurs engagés dans la production artisanale d'or. Il leur sera demandé de se constituer en coopératives légales, de se conformer aux nouvelles exigences réglementaires et d'obtenir les autorisations nécessaires à l'exercice de leurs activités.

La Guinée équatoriale, dont l'économie repose encore largement sur les hydrocarbures, multiplie depuis quelques années les initiatives pour valoriser et diversifier ses ressources naturelles, notamment minières. En centralisant l'achat de l'or produit artisanalement, Malabo vise non seulement à mieux encadrer un secteur en expansion, mais aussi à accroître ses réserves stratégiques en or, considérées comme un levier de résilience face aux chocs externes.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 12/06/25 16:35