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C'est désormais effectif ; le processus de démantèlement tarifaire dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et l'Union Européenne (UE) est entré, ce mois, dans sa 7ème phase. Cela suppose que les produits classés dans le " 3ème groupe " en provenance du marché européen seront exonérés de 30% de droits de douanes à leur entrée au Cameroun. Il s'agit des produits tels que les carburants, le ciment, les véhicules personnels, les céréales, les pneus et jantes de véhicules et des variétés de poissons telles que le maquereau…
Selon les termes de cet accord signé le 04 août 2016, cette décote va progresser au rythme annuel de 10% pour atteindre 100% en 2029. Les produits du " 1er groupe " (engrais, pesticides, résidus de pétrole…) bénéficient déjà d'une exonération totale à l'import tandis que ceux du " 2e groupe " (clinker, groupes électrogène, camionnette, tracteurs…) passent à 90% de taux de décote.
Premier partenaire commercial du Cameroun, l'UE pèse 30% dans les importations du pays et capte près de la moitié de ses exportations, selon les données de l'Institut national de la statistique. Les principaux produits importés du Cameroun originaires de l'UE sont les machines-outils et composants industriels (21%), les voitures, tracteurs et utilitaires (11%), les produits pharmaceutiques (6%) et les ouvrages en fontes, fer ou acier (6%).
D'années en années, l'évolution de cet accord commercial ne manque pas d'avoir des conséquences sur les finances publiques. Avec plus de 20% des importations en provenance du marché européen qui sont exempts des tarifs douaniers, le pays a enregistré, début 2021, des pertes fiscales et douanières de plus de 25 milliards de FCFA. Pour les producteurs locaux, la conséquence première est l'éviction de leurs produits à coûts unitaires élevés par les importations en provenance de l'UE qui deviennent plus compétitives sur le marché.
Des produits camerounais interdits d'entrée dans l'UE
La délégation de l'UE au Cameroun, conduite par Philippe Van Damme, a longtemps brandi le libre accès des produits " Made in Cameroon " sur le grand marché européen (448 millions de consommateurs depuis le départ du Royaume-Uni) comme une contrepartie de ces pertes, mais le durcissement de la législation dans le domaine sanitaire et phytosanitaire applicable aux végétaux et produits végétaux qui entrent sur le vieux continent vient quelque peu refroidir cette thèse. Selon RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed), une plate-forme de signalement des problèmes de sécurité alimentaire au sein de l'UE, plusieurs cargaisons de marchandises en provenance du Cameroun (ananas, café, haricot arachide, Piment) ont été refoulés aux frontières de l'Europe en 2021. Ces produits contenaient des pesticides comme chlorpyriphos, couramment utilisés par les producteurs locaux mais interdits en Europe.
Mieux encore, depuis le 11 avril 2022, le Cameroun figure parmi les pays interdits d'exporter certains produits agricoles vers l'UE, selon une note de la Commission européenne en charge de la législation phytosanitaire. Il s'agit notamment des mangues, papayes, goyaves, poivrons, aubergines, tomates. Des décisions unilatérales pour la plupart qui viennent remettre le discours du bénéfice mutuel de cet accord.
L'administration camerounaise au cours d'un échange avec la partie européenne déplorait le fait que l'adoption de ces normes se fasse sans concertation, ne laissant pas le temps nécessaire aux producteurs locaux de s'y adapter. La conséquence de cet état de choses, notait la partie camerounaise, c'est que les agriculteurs locaux qui avaient investi dans la production en vue de l'exportation sur le sol européen sont obligés d'écouler leurs produits sur le marché local, enregistrant des pertes considérables. Pour l'instant, les principaux produits exportés du Cameroun vers l'UE sont pour l'essentiel constitués des matières premières comme pétrole, qui représente environ la moitié de la valeur d'exportation, suivi du cacao (20%), du bois (13%), des bananes (9%) et de l'aluminium (4%).
En Afrique centrale, c'est avec l'ensemble CEMAC et Sao Tomé et Principe que l'Union européenne négocie depuis 2003, l'APE. Le Cameroun constitue une étape qui pour l'instant ne semble pas séduire ses voisins.
Fernand Ghokeng
La Rédaction
Publié le 30/08/22 09:30
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