Après près de deux décennies d'absence, la République du Congo a signé son retour sur la scène obligataire mondiale en levant 670 millions de dollars sur les marchés internationaux. L'opération, pilotée par Citigroup Inc. et cotée sur le marché principal de la Bourse de Londres, a suscité un réel engouement auprès des investisseurs.
L'émission, assortie d'un coupon de 9,875% et d'une échéance fixée à novembre 2032, sera remboursée en cinq tranches égales entre 2028 et 2032, selon un communiqué du ministère des Finances publié à Brazzaville. Le produit de cet emprunt servira avant tout à refinancer une partie de la dette intérieure venant à échéance entre novembre 2025 et février 2026, une stratégie qui vise à allonger la maturité moyenne de la dette publique et à réduire les pressions de trésorerie à court terme.
Pour le ministre congolais des Finances, Christian Yoka, cette opération marque une étape symbolique : ‘'Cette émission démontre le nouvel élan congolais : celui d'un pays qui conjugue discipline budgétaire, gouvernance exemplaire et ambition''. Il y voit ‘'la preuve de la confiance retrouvée des investisseurs internationaux et de la crédibilité renforcée de la politique économique nationale''.
Le succès de cette levée s'inscrit dans un contexte de redressement budgétaire soutenu par le FMI, qui salue la trajectoire de consolidation engagée depuis la restructuration de la dette en 2020. Le pays s'est depuis engagé à publier trimestriellement un bulletin de statistiques de la dette et à maintenir un dialogue régulier avec les marchés, conformément aux nouvelles exigences de transparence.
Malgré une notation encore prudente (CCC+ chez Fitch Ratings et S&P), les indicateurs macroéconomiques se sont sensiblement améliorés. D'après les estimations du FMI, la croissance du PIB réel a atteint 2,6% en 2024 et pourrait grimper à 3,7 % en 2025. Le ratio d'endettement public est passé de plus de 96% du PIB en 2023 à 93,5% en 2024, avec une trajectoire projetée à 63 % d'ici 2029, sous réserve du maintien des réformes fiscales et budgétaires.
Les données publiées par la Caisse congolaise d'amortissement (CCA) confirment la priorité donnée à la dette intérieure. En mai 2025, le service de la dette publique a atteint 247,18 milliards FCFA, soit 44% de plus qu'en avril, dont 97% ont été orientés vers le remboursement des titres publics domestiques (obligations et bons du Trésor). À titre de comparaison, le mois d'avril affichait un service total de 169,74 milliards FCFA.
Cette tendance devrait se poursuivre, avec un pic de remboursement attendu en octobre 2025, estimé à 279,09 milliards FCFA, dont 225,54 milliards pour les bons du Trésor et 53,55 milliards pour les obligations du Trésor. Sur l'ensemble de l'année, Brazzaville prévoit de consacrer environ 1 249 milliards FCFA au service de la dette publique, dont plus de 80% destinés à l'apurement de la dette intérieure.
À fin mai 2025, l'encours global de la dette publique s'élevait à 8 386,77 milliards FCFA, en légère hausse de 0,83% sur un mois, en raison d'une accélération des décaissements sur le marché intérieur (+78,4%), tandis que les financements extérieurs reculaient (-32%).
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/11/25 16:23