Le gouvernement nigérian n'est pas disposé à revoir à la baisse le taux de change du naira, une position affichée à nouveau en dépit des appels d'une partie de son secteur privé. Et cette fois encore, c'est au tour du FMI de subir une fin de non-recevoir des autorités.
L'institution qui a en effet recommandé une baisse de la valeur du naira jugée surévaluée de 18% afin de réduire son déséquilibre extérieur, n'a pas rencontré l'avis favorable du gouvernement fédéral, indique ce lundi Bloomberg qui cite un rapport du FMI datant également de ce 8 février.
" L'administration du président Muhammadu Buhari estime que les pressions sur la monnaie proviennent des sorties mondiales causées par la pandémie de coronavirus et pense qu'une nouvelle dépréciation ajouterait à une inflation à deux chiffres, selon le rapport du FMI au titre de l'article IV pour le pays qui a été publié lundi ", indique le confrère.
Le naira est soumis à une forte pression à la baisse avec la chute des cours du pétrole qui génèrent 90% des devises du pays, et d'un autre côté des sorties de devises autorisés des investisseurs étrangers qui font notamment des placements sur les titres publics. Une situation qui impacte les réserves de changes du pays qui, en 2020, ne couvraient que 4,4 mois d'importation selon les estimations du FMI contre 6 mois en 2019. Ces réserves sont en effet passées à 29,5 milliards de dollars fin 2020 (estimation) contre 38,1 milliards de dollars un an plutôt, toujours selon l'institution.
Dans un communiqué publié le 12 mars 2020, la Central Bank of Nigeria (CBN, banque centrale), a rejeté toute idée de dévaluation alors que la rumeur enflait dans les milieux financiers, soutenant que les réserves étaient " robustes et solides ". Quelques jours plus tard, un ‘'ajustement monétaire'' était consenti avec une baisse de la valeur du taux de change officiel du naira de 15 à 25% selon les sources par rapport au dollar.
" Les administrateurs ont noté que les taux multiples (écarts entre le taux officiel et celui du marché parallèle, ndlr), la flexibilité limitée et les pénuries de devises posent des problèmes. Ils ont recommandé une approche graduelle et en plusieurs étapes pour établir un régime de taux de change unifié et clair, l'accent étant mis à court terme sur une plus grande flexibilité (…) ", indique le FMI dans son communiqué.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 08/02/21 18:43