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Pour la première fois de son histoire, la prestigieuse Harvard Business School (HBS) a choisi la Côte d'Ivoire, et plus largement l'Afrique francophone, comme terre d'accueil du Senior Executive Program—Africa (SEPA), l'un de ses programmes phares de formation au leadership. Un événement d'envergure, porté par l'initiative de la Fondation Kaydan de l'entrepreneur Alain Kouadio, et placé sous le parrainage de Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, lui-même ancien de Harvard.
Un symbole fort pour l'Afrique francophone
Le SEPA, développé par HBS en partenariat avec le Gordon Institute of Business Science (GIBS) de l'Université de Pretoria, s'adresse aux hauts dirigeants africains désireux de renforcer leur leadership, d'accroître leur impact stratégique et d'exploiter les leviers d'innovation et de croissance sur le continent. Si ce programme était jusqu'ici réservé aux pays anglophones, sa tenue à Abidjan marque un tournant, témoignant du repositionnement international de la Côte d'Ivoire et de son attractivité croissante.
Lors du dîner de gala clôturant la session abidjanaise, le ministre Sangafowa Coulibaly a salué, dans un discours fort et personnel, " le choix de la Côte d'Ivoire comme hôte de ce programme d'exception " et rendu hommage à Alain Kouadio, président de la Fondation Kaydan, " dont l'engagement en faveur de l'excellence et de l'éducation a permis de faire de ce projet une réalité.''
Harvard : Plus qu'une école, une institution de valeurs
Le ministre a également évoqué son attachement à Harvard, dont il est diplômé, soulignant que " l'université n'est pas seulement un temple du savoir, mais un creuset de valeurs universelles telles que l'intégrité, l'honnêteté et la responsabilité. " Il a rappelé que l'école a formé 160 lauréats du prix Nobel et 23 chefs d'État, dont plusieurs présidents américains.
" À Harvard, on vous apprend non seulement à réussir, mais à réussir avec décence. " C'est en ces termes que le ministre a résumé l'essence de son passage par cette institution d'élite. Également diplômé de la faculté des Sciences et Techniques de l'Université d'Abidjan, il a confié que son appartenance à la communauté des alumni de Harvard a profondément influencé sa vision de la gouvernance du secteur extractif en Côte d'Ivoire — une vision qu'il veut rigoureuse, éthique et tournée vers l'intérêt général.
Cette première session s'est tenue à l'École nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSEA), un choix salué par le ministre comme " particulièrement judicieux " en raison du rayonnement académique de l'institution à l'échelle continentale. Durant une semaine, 64 dirigeants issus de 19 nationalités africaines ont suivi un module intensif autour du leadership, de la stratégie et de la transformation digitale.
Le programme SEPA est structuré en trois modules : une première phase en Afrique, une seconde en ligne et un troisième à Boston, sur le campus de Harvard, prévu en août prochain.
Le ministre Coulibaly a profité de cette tribune pour rappeler les ambitions stratégiques de son département, visant à faire du secteur des mines, du pétrole et de l'énergie un pilier économique au même titre que l'agriculture. Il a mis en avant les récentes découvertes dans l'or, le gaz et le pétrole, ainsi que l'objectif d'un accès universel à l'électricité d'ici 2030.
" Notre vision est de faire de la Côte d'Ivoire une Norvège africaine, un modèle de gouvernance transparente et durable des ressources extractives. La rigueur acquise à Harvard a nourri cette ambition ", a-t-il insisté, appelant les participants à rejoindre la communauté mondiale des alumni de l'institution.
Le président de la Fondation Kaydan, Alain Kouadio, a quant à lui exprimé sa satisfaction d'avoir " concrétisé un rêve : faire venir Harvard en Afrique francophone ". Il a rappelé que la formation ne se limite pas à transmettre des concepts, mais à changer la perspective des leaders : " Quand vous passez par Harvard, vous apprenez à avoir un impact, même localement, avec des moyens limités. "
Seuls quatre Ivoiriens figuraient parmi les participants de cette édition, mais les organisateurs espère renforcer cette présence lors des prochaines sessions. " Notre objectif est de faire d'Abidjan une destination académique incontournable pour les programmes de haut niveau. Cette première expérience est une fondation, ", a-t-il conclu.
Avec le SEPA, la Côte d'Ivoire n'accueille pas seulement un programme d'élite ; elle ouvre une brèche dans la domination anglophone des réseaux éducatifs globaux. Cette initiative, soutenue par l'État et portée par un écosystème d'anciens élèves engagés, dessine une trajectoire nouvelle pour l'Afrique francophone dans l'arène du savoir stratégique mondial.
En installant Harvard sur les bords de la lagune Ébrié, Abidjan affirme sa place comme carrefour du leadership africain, entre excellence académique, innovation entrepreneuriale et vision panafricaine.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 30/05/25 17:21
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