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C'est une annonce qui marque un tournant majeur dans la politique salariale du Mali. En effet, le conseil des ministres, présidé par le président de la Transition, le général Assimi Goïta, a entériné ce 9 juillet à Bamako, la capitale malienne, un projet de décret prévoyant une ‘'revalorisation progressive des salaires dans la fonction publique'' sur une période de cinq ans.
Cette réforme, budgétairement ambitieuse, près de 104 milliards FCFA (186 millions de dollars) d'impact cumulé sur 5 ans, s'inscrit dans le cadre du pacte de stabilité sociale et de croissance, signé en août 2023 avec les partenaires sociaux.
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Fruit de plusieurs semaines de négociations tenues entre février et mars 2025, le décret est le résultat d'un cadre bipartite de concertation impliquant les trois principales centrales syndicales du pays, les ministères en charge du Travail, de la Fonction publique, du Dialogue social, ainsi que celui de l'Économie et des Finances.
Les modalités de la revalorisation ont été clairement établies : une première hausse de 5,5 % au 1er janvier 2026 ; une seconde hausse de 5,5 % interviendra au 1er janvier 2028, et une ultime augmentation de 6,5 % au 1er janvier 2030. Ces ajustements porteront sur le point d'indice, l'unité de base servant à calculer les traitements des agents de la fonction publique, un mécanisme central dans la structure des rémunérations publiques.
Une mesure à portée sociale et politique
La revalorisation concernera une large frange de l'administration publique : fonctionnaires d'État, agents des collectivités territoriales, contractuels régis par le code du travail, ainsi que les enseignants contractuels de l'État et des collectivités. Ce geste s'inscrit dans une volonté affichée de l'exécutif malien de répondre à une demande ancienne des syndicats, dans un contexte socio-économique encore fragile.
Au-delà de sa portée sociale, cette réforme vise à renforcer la paix sociale et à asseoir la crédibilité de l'État dans sa capacité à honorer les engagements pris lors de la signature du pacte de stabilité. Elle intervient également alors que le pays cherche à maîtriser ses équilibres budgétaires tout en redonnant confiance à ses agents publics.
L'étalement de la revalorisation sur cinq ans traduit une volonté de conjuguer équité salariale et soutenabilité budgétaire. L'impact global, estimé à 103,965 milliards FCFA, représente un effort considérable dans le cadre d'un budget national déjà contraint par les défis sécuritaires et sociaux. Ce calendrier progressif permet également au gouvernement de mieux intégrer cette charge dans sa planification financière, tout en évitant une brusque tension sur les finances publiques.
Cette décision marque un pas supplémentaire vers une gouvernance contractuelle des politiques publiques, comme voulu par les autorités de la Transition. En intégrant les syndicats dans la conception des réformes salariales, Bamako s'engage sur la voie du dialogue social institutionnalisé, dans l'optique de restaurer un climat de confiance entre l'Etat et ses agents.
Narcisse Angan
Publié le 11/07/25 11:07
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