NAGO Semevi Franchy Joël, Chef de la mission résidente de la BOAD en Côte d’Ivoire : ‘’Sur la période de 2021 à mars 2025, un financement total de 978,8 milliards FCFA a été octroyé pour soutenir l’économie ivoirienne’’

NAGO Semevi Franchy Joël, Chef de la mission résidente de la BOAD en Côte d'Ivoire :

Sur la période de 2021 à mars 2025, un financement total de 978,8 milliards FCFA a été octroyé pour soutenir l'économie ivoirienne

Au cœur du vaste chantier du développement ivoirien, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) s'est imposée comme un acteur incontournable, multipliant les engagements aux côtés des autorités nationales. En Côte d'Ivoire, sa présence prend une ampleur nouvelle, portée par une vision claire et des financements massifs. À travers son Plan Djoliba, parfaitement arrimé au Plan national de développement (PND) 2021-2025, l'institution financière régionale a déployé près de 1 000 milliards FCFA en faveur des infrastructures, de l'énergie, de l'agriculture ou encore de l'entrepreneuriat. À mi-parcours du cycle quinquennal, le Chef de la mission résidente de la BOAD en Côte d'Ivoire, NAGO Semevi Franchy Joël, dresse un bilan précis et volontariste de l'action de la Banque. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les leviers activés, les résultats tangibles obtenus, notamment en matière d'emplois, et les ambitions renouvelées pour l'après-2025, entre financement climatique, soutien au secteur privé et enracinement opérationnel renforcé. Un éclairage précieux sur la manière dont une banque régionale peut façonner la trajectoire économique d'un pays.

La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) s'est fortement mobilisée en appui au Plan national de développement (PND) 2021-2025. Quelle vision stratégique a guidé vos interventions en Côte d'Ivoire sur cette période ?

Nos interventions ont été concentrées sur cinq domaines prioritaires à savoir : i) les infrastructures de transport et de TIC/digitalisation, ii) la production et l'accès équitable à l'énergie et aux ressources naturelles, iii) la production agricole et la sécurité alimentaire, iv) l'immobilier et l'habitat et v) la santé et l'éducation.

En 2021, nous nous sommes fixé un objectif clair : maximiser l'impact de nos actions sur le terrain, en matière de développement avec une ambition : s'imposer comme la Banque de référence, pour un impact durable sur l'intégration et la transformation de l'Afrique de l'Ouest en général et de la Côte d'Ivoire en particulier. Nos interventions ont été concentrées sur cinq domaines prioritaires à savoir : i) les infrastructures de transport et de TIC/digitalisation, ii) la production et l'accès équitable à l'énergie et aux ressources naturelles, iii) la production agricole et la sécurité alimentaire, iv) l'immobilier et l'habitat et v) la santé et l'éducation.

En quoi le Plan Djoliba de la BOAD s'aligne-t-il avec les priorités nationales de la Côte d'Ivoire ?

Le plan stratégique DJOLIBA est la feuille de route que s'est donnée la BOAD pour réaliser sa vision pour l'ensemble des pays de l'UEMOA et il est parfaitement aligné avec le Plan national de développement (PND) de la Côte d'Ivoire. Il se manifeste principalement par les axes suivants :

• le développement des infrastructures (routières, énergétiques, numériques) ; 
• la transformation structurelle de l'économie et l'industrialisation ;
• le développement du capital humain et l'emploi ;
• la lutte contre le changement climatique et le développement durable ; 
• le renforcement de la gouvernance et de l'intégration régionale.

Quel a été le volume total de financements mobilisés par la BOAD en faveur de la Côte d'Ivoire depuis 2021 ? Et comment se répartissent-ils entre le secteur public, le secteur privé et les sociétés parapubliques, notamment par domaines prioritaires ?

Sur la période de 2021 à mars 2025, un financement total de 978,8 milliards FCFA a été octroyé pour soutenir l'économie ivoirienne suivant la répartition ci-après :

• Secteur public non marchand (Etat) : 534,8 milliards FCFA (55%)
• Secteur public marchand (entreprises publiques) : 50 milliards FCFA (5%)
• Secteur privé : 393,9 milliards FCFA (40%)

 Par domaine, le détail des financements se présente comme suit :

Quel est, à ce jour, le niveau de réalisation des engagements pris par la BOAD en Côte d'Ivoire dans le cadre du Plan Djoliba et du PND 2021-2025 ? Peut-on considérer que les objectifs fixés ont été atteints ?

En effet, la BOAD s'était engagée à contribuer, à hauteur de 1,5 milliard d'euros, soit environ 984 milliards FCFA, au financement du PND 2021-2025 de la Côte d'Ivoire, dont le coût s'élève à 59 000 milliards FCFA. Sur la période allant de janvier 2021 à mars 2025, le cumul des engagements de la Banque en Côte d'Ivoire s'est établi à 978,8 milliards FCFA, correspondant à un taux de réalisation de 99,47%.

À ce jour, les objectifs fixés par la BOAD en soutien au Plan national de développement (PND) 2021–2025 peuvent être considérés comme largement atteints, voire dépassés. En effet, la BOAD s'était engagée à contribuer, à hauteur de 1,5 milliard d'euros, soit environ 984 milliards FCFA, au financement du PND 2021-2025 de la Côte d'Ivoire, dont le coût s'élève à 59 000 milliards FCFA. Sur la période allant de janvier 2021 à mars 2025, le cumul des engagements de la Banque en Côte d'Ivoire s'est établi à 978,8 milliards FCFA, correspondant à un taux de réalisation de 99,47%. Ce niveau d'exécution témoigne de l'engagement fort et constant de la BOAD à accompagner le gouvernement ivoirien dans la mise en œuvre de ses priorités de développement économique et social.

Quelle part de ce financement a concerné les infrastructures économiques (routes, énergie, numérique) ?

Une part significative d'environ 57,3% de nos financements sur la période 2021-2025 ont concerné les infrastructures de transport, d'énergie et TIC.

La BOAD a soutenu l'entrepreneuriat et les PME dans plusieurs filières. Quels résultats concrets pouvez-vous partager sur les emplois créés, notamment pour les jeunes et les femmes ?

Depuis 2021, la BOAD a soutenu les PME en Côte d'Ivoire en octroyant environ 95 milliards FCFA de lignes de crédit aux institutions financières qui les accompagnent directement, permettant ainsi la création d'environ 8 400 emplois directs et indirects.

Comment se positionne la Côte d'Ivoire en termes de volume de financement reçu de la BOAD comparé à celui des autres pays de l'UEMOA ?

La Côte d'Ivoire demeure le premier bénéficiaire des financements de la BOAD avec près de 30% du cumul des engagements, témoignant de la forte dynamique économique du pays.

Quelles sont les modalités d'intervention spécifiques mises en œuvre par la BOAD en Côte d'Ivoire ? La récente relocalisation de vos bureaux suite au départ de l'immeuble BCEAO marque-t-elle un renforcement de votre présence opérationnelle ? Quels objectifs poursuivez-vous à travers cette démarche ?

S'agissant des modalités d'intervention de la BOAD, elles se font sous forme de prêts à court, moyen et long terme, de lignes de refinancement en faveur des institutions financières, de prises de participations au capital, de financement d'études de factibilité, d'exécution et d'ingénierie, de prestations de conseil financier, d'arrangement et de syndication de financements ainsi que l'assistance dans la préparation, la promotion et la mise en œuvre des projets.

La relocalisation des bureaux de la BOAD en Côte d'Ivoire s'inscrit dans une dynamique de renforcement de la proximité opérationnelle, d'amélioration du service aux bénéficiaires, et de visibilité accrue de la Banque sur le terrain. Cette démarche vise à faciliter l'accompagnement des projets, renforcer les échanges avec les autorités et les partenaires, et accélérer la mise en œuvre des engagements de la BOAD en Côte d'Ivoire.

Nous sommes convaincus qu'il est essentiel de rendre nos services plus accessibles et faciliter un dialogue permanent avec tous les partenaires engagés dans la transformation de l'Afrique de l'Ouest, afin d'accélérer la croissance et répondre aux défis sans cesse croissants auxquels doivent faire face nos pays pour bâtir des économies plus robustes et fructueuses. Ainsi, plus que la simple délocalisation de notre Mission Résidente en Côte d'Ivoire, les nouveaux bureaux sont aussi la première étape d'une démarche de décentralisation et de déconcentration de certaines activités jusqu'alors exercées depuis notre Siège. Ils ont également vocation à illustrer une ambition partagée avec nos partenaires et nos clients : celle d'une coopération renforcée, d'une réactivité accrue et d'un engagement sans faille en faveur d'un développement inclusif et durable.

S'agissant des modalités d'intervention de la BOAD, elles se font sous forme de prêts à court, moyen et long terme, de lignes de refinancement en faveur des institutions financières, de prises de participations au capital, de financement d'études de factibilité, d'exécution et d'ingénierie, de prestations de conseil financier, d'arrangement et de syndication de financements ainsi que l'assistance dans la préparation, la promotion et la mise en œuvre des projets. Toute requête de financement est adressée et peut être déposée directement au siège de la Banque ou acheminée par l'intermédiaire de la Mission Résidente de la BOAD en Côte d'Ivoire. 

Spécifiquement pour le secteur privé, le coût total hors taxes du projet doit être supérieur ou égal à trois (3) milliards de FCFA pour justifier une intervention de la BOAD. Il doit faire l'objet d'une évaluation concluante notamment sous ses aspects juridiques, techniques, organisationnels économiques, financiers et environnementaux. En effet, le projet doit dégager une rentabilité financière satisfaisante et être compatible avec les objectifs de développement du pays. Tout prêt de la BOAD à un projet privé est limité à un maximum de 50°% de son coût total hors taxes. Dans ce contexte, il est demandé la participation d'une banque locale ou d'un établissement financier au financement d'un projet et un apport en fonds propres dont le niveau est de 35°% du total des investissements y compris le besoin en fonds de roulement pour les projets en création et d'un minimum de 15°%, apprécié en tenant compte de la structure d'endettement de l'entreprise et du risque-projet, du total des investissements projetés pour les projets en développement.

Retrouvez la suite de cette interview dans le numéro de votre magazine téléchargeable gratuitement par un simple clic sur l'image ci-dessous.

La Rédaction

Publié le 13/12/25 19:23