Alors que l'économie nigériane se prépare à encaisser les effets collatéraux de la chute des cours du pétrole, la CBN, la Banque centrale, semble lâcher du lest et se résigner à un ajustement monétaire, sans évoquer le terme dévaluation. L'institution d'émission a revu à la baisse le taux de change officiel du naira qui repli de 15% par rapport au dollar, indique plusieurs média ce samedi dont Reuters.
Sur le site de la CBN, il est désormais marqué un taux de change de 1$ pour 360 nairas (N), alors que le taux admis depuis 2 ans était de 1$ pour 306 N.
Voir aussi - Nigéria : La Banque centrale baisse son taux à 5%, sous contrainte du Coronavirus
D'après certaines sources, l'objectif poursuivi est de parvenir à une harmonisation des taux, entre celui officiel et celui appliqué effectivement sur le marché. Ces derniers jours en effet, le dollar s'échangeait contre environ 400 N dans les bureaux de change, une situation qui avait poussé la CBN à brandir des menaces contre ce qu'elle a qualifié de pratiques de " spéculation ". Un taux qui serait passé à 1$ pour 380 N sur le marché d'après les mêmes sources ce vendredi.
Voir aussi - Nigéria : Le gouvernement prévoit réduire le budget 2020 de près de 5 milliards $
"La Banque centrale a la responsabilité de veiller à l'ajustement de la monnaie nationale. Ce que vous avez vu, c'est un ajustement de la monnaie du pays (et non une dévaluation) ", a déclaré samedi au cours d'une réunion avec les établissements bancaires Godwin Emefiele, gouverneur de la CBN.
Le pays qui assiste impuissant à la chute brutale de cours du pétrole depuis plusieurs semaines, ne dispose pas vraiment d'autres options pour maintenir à flot sa monnaie. L'or noir, faut-il le rappeler, représente 90% des recettes d'exportation du Nigéria et est donc de loin sa principale source de devises. Et la fonte irrémédiable du stock de devises devrait, selon la théorie économique, induire inévitablement une dévaluation.
Voir aussi - Nigéria : La Banque centrale rejette l'idée d'une dévaluation du naira
Le 13 mars dernier, la banque centrale avait pourtant assuré dans un communiqué que les fondamentaux de l'économie étaient suffisamment solides pour éviter une dévaluation.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 23/03/20 09:35