COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | FORUM |
Serge Tidiane DIOP, Administrateur général du Groupe Africa Link Capital :
Nous avons réalisé l'exploit de lancer deux opérations de titrisation le même jour pour un montant global de 55 milliards FCFA
Serge Tidiane DIOP, Administrateur général du groupe Africa Link Capital (ALC), incarne la réussite d'une banque d'affaires qui a osé rêver grand pour transformer le paysage financier de l'UEMOA. Depuis 2006, cette banque d'affaires indépendante s'est imposée comme un acteur incontournable, repoussant les limites de l'innovation financière. Des restructurations d'entreprises endettées aux levées de fonds record, comme les 55 milliards FCFA bouclés en une seule journée, le groupe ALC contribue au dynamisme économique régional. Dans cette interview exclusive, Serge Tidiane DIOP partage les succès qui ont forgé la réputation du groupe ALC, les défis d'un marché en mutation et les ambitions d'un groupe résolument tourné vers l'avenir. Un récit inspirant, à la croisée de la vision et de l'action.
Pouvez-vous présenter le groupe Africa Link Capital (ALC) depuis sa création en 2006 ? Quels sont les éléments clés qui ont contribué à son positionnement comme l'une des premières banques d'affaires indépendantes de l'UEMOA ?
Avec l'expérience, l'expertise et la vision stratégique, le Groupe ALC a su se positionner dans le secteur du conseil financier et stratégique en tant que première banque d'affaires indépendante de l'UEMOA, dans un secteur dominé par des acteurs financiers rattachés à des groupes bancaires.
Le groupe ALC a été créé en 2006, à la faveur de la cession des actifs de la banque Belgolaise par Fortis, notamment le département Banque d'Affaires (Africa Merchant Bank West Africa).
Au fil des années, le groupe ALC s'est spécialisé dans les métiers de la Banque d'affaires et de la Titrisation (structuration et gestion de FCTC. Face à l'évolution du paysage financier régional marqué par l'adoption, en 2010, par l'Autorité des Marchés Financiers de l'Union Monétaire Ouest-Africaine (AMF-UMOA) d'un dispositif réglementaire encadrant les opérations de titrisation dans la zone UEMOA, les actionnaires et le management du groupe ALC ont décidé d'élargir l'offre de produits financiers à travers une diversification des activités.
En 2012, une réorganisation juridique a été opérée avec la création de deux nouvelles entités ALC Titrisation et ALC Structuration qui constituent le pôle Titrisation et la constitution du groupe ALC avec un rôle de holding de participation.
Le groupe ALC à travers son pôle Banque d'affaires accompagne des entreprises publiques et privées de divers secteurs économiques tels que l'énergie, les infrastructures, le transport, les services financiers, l'agro-industrie et les télécoms. Nous offrons des services de conseil financier et stratégique, de restructuration financière, de modélisation financière, d'évaluation d'entreprises, d'élaboration de stratégie de gestion de risques et de structuration et de levée de fonds (capital/mezzanine/dette).
Le pôle Titrisation offre une approche globale intégrée à ses clients, depuis l'origination et l'arrangement d'opérations de titrisation avec ALC Structuration jusqu'à la gestion de FCTC assurée par ALC Titrisation, première entité privée, agréée par l'AMF-UMOA en 2015, en qualité de société de gestion de FCTC.
Nous sommes heureux d'employer aujourd'hui une trentaine de professionnels qui disposent de compétences en modélisation financière, en structuration financière, en analyse de risques et en gestion d'actifs, alliés à une grande expérience des marchés africains.
Grâce à l'expérience, l'expertise et la vision stratégique de son management, le groupe ALC a su se positionner dans le secteur du conseil financier et stratégique en tant que première banque d'affaires indépendante de l'UEMOA, dès sa création, dans un secteur dominé par des acteurs financiers rattachés à des groupes bancaires. En effet nous avons su nous distinguer par notre expertise, notre capacité à offrir des solutions innovantes, et notre proximité avec les acteurs locaux tout en offrant une qualité de prestation aux standards internationaux. Ce positionnement stratégique a permis au groupe ALC de maintenir au fil des années un rôle prépondérant dans un marché en pleine croissance.
Dans cette perspective, nous sommes installés, depuis 2021, au centre d'affaires de l'Immeuble Ivoire Trade Center à Cocody, avec l'ambition de poursuivre notre développement en Côte d'Ivoire et sur le continent, en offrant des services financiers de plus en plus innovants et adaptés aux besoins de la clientèle.
Le groupe ALC offre une expertise diversifiée dans plusieurs domaines de la banque d'affaires, notamment, la restructuration financière, le conseil financier et stratégique ainsi que les levées de fonds. Quelles ont été les principales réussites de ces opérations, et en quoi ces succès traduisent-ils vos ambitions à long terme pour la région ?
En matière de restructuration financière, nous avons accompagné dans divers domaines, plusieurs sociétés installées notamment en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Sénégal, enregistrant des pertes cumulées allant de 21 milliards FCFA à près de 175 milliards FCFA et un niveau d'endettement de près de 60 milliards FCFA. Notre assistance s'est traduite par la mise en place de plans de restructuration financière et organisationnelle permettant de restaurer leur rentabilité et de préserver des milliers d'emplois dans des secteurs vitaux tels que l'énergie, l'agro-industrie, les infrastructures et les transports.
Le groupe ALC a su se distinguer par sa capacité à travailler sur des opérations complexes et à offrir des solutions sur mesure adaptées aux besoins spécifiques des clients et ce, sur des secteurs très variés.
En matière de restructuration financière, nous avons accompagné dans divers domaines, plusieurs sociétés installées notamment en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Sénégal, enregistrant des pertes cumulées allant de 21 milliards FCFA à près de 175 milliards FCFA et un niveau d'endettement de près de 60 milliards FCFA. Nous avons mis en place de plans de restructuration financière, opérationnelle et organisationnelle permettant de restaurer leur rentabilité et de préserver des milliers d'emplois dans des secteurs aussi vitaux que l'énergie, l'agro-industrie, et les infrastructures.
En matière de conseil stratégique, nous avons apporté notre expertise lors de projets defilialisation d'activités dans le cadre de créations de groupes, lors de l'évaluation financière de filiales de groupes bancaires en vue d'opérations de M&A, ainsi que pour établir des diagnostics économique et financier et élaborer des plans d'affaires d'entreprises.
Plus généralement, nous avons apporté notre contribution dans le cadre de diverses missions ayant pour objectif d'améliorer le quotidien de nos concitoyens, que ce soit dans le transport et les déplacements (SOTRA, FER, Pont HKB, SITARAIL…), l'agro-industrie (PALMCI, SIFCA, SOSUCO…), la bancarisation et le financement de l'économie (groupe Atlantique, COFINA, NSIA Banque et Orabank Togo…), l'amélioration de la qualité de vie (PEPT, CI-ÉNERGIES, CIE) ou encore dans le domaine des aménagements et logements (TEYLIOM, AERIA, District d'Abidjan), etc.
Ces réussites témoignent d'un engagement à soutenir le développement de nos États et à devenir un acteur- clé dans l'accompagnement des entreprises et institutions financières. Dans cette dynamique, le groupe ALC aspire à catalyser davantage d'opportunités de croissance pour l'économie régionale.
En 2010, l'UEMOA a adopté une réglementation encadrant les opérations de titrisation. Pourriez-vous expliquer brièvement ce qu'est la titrisation et comment elle fonctionne dans le cadre du financement des acteurs des secteurs privé et public au sein de l'Union ?
La titrisation peut être décrite comme un mécanisme financier qui permet à une entité ,notamment une entreprise ou une institution publique, de convertir des actifs illiquides, tels que des créances, en titres négociables sur les marchés financiers. Cette opération repose sur trois acteurs principaux : le cédant, qui transfère ses actifs, le Fonds commun de titrisation de créances (FCTC) qui les acquiert, et les investisseurs qui souscrivent aux titres émis par le FCTC.
La titrisation peut être décrite comme un mécanisme financier qui permet à une entité, notamment une entreprise ou une institution publique, de convertir des actifs illiquides, tels que des créances, en titres négociables sur les marchés financiers. Cette opération repose sur trois acteurs principaux : le cédant qui transfère ses actifs, le Fonds commun de titrisation de créances (FCTC) qui les acquiert, et les investisseurs qui souscrivent aux titres émis par le FCTC.
Ce dispositif offre une solution efficace pour mobiliser des ressources financières. Les entreprises privées, par exemple, peuvent céder leurs créances commerciales ou hypothécaires afin de lever des fonds, améliorer leur structure financière et réduire leur dépendance aux financements bancaires traditionnels.
Cela s'avère particulièrement pertinent dans des secteurs comme la banque, l'énergie ou les télécommunications, où la titrisation permet de financer des projets de grande envergure tout en limitant l'impact sur leur bilan, notamment grâce à la déconsolidation des actifs.
Pour le secteur public, ce mécanisme permet notamment de titriser des créances futures, tels que des recettes fiscales, des redevances ou des recettes de péage, afin de financer des projets d'infrastructures ou combler des déficits budgétaires. Cela constitue une alternative innovante pour lever des capitaux tout en optimisant la gestion de la dette.
L'écosystème de la titrisation est constitué de plusieurs acteurs qui ont tous un rôle crucial dans la réussite de la transaction. Il s'agit notamment de l'arrangeur, de la société de gestion, de la banque dépositaire, du conseil juridique, de l'expert-évaluateur, du CAC, du syndicat de placement et de l'agence de notation.
L'un des enjeux majeurs de la titrisation consiste à analyser le risque de défaut et l'ensemble des mécanismes de sûretés permettant de couvrir de manière optimale l'ensemble des risques inhérents à la transaction. Tout ce dispositif est encadré par l'AMF-UMOA qui octroie un agrément à chaque FCTC avant le lancement de toute opération.
Près de 14 ans après l'adoption de ce cadre réglementaire, quel impact a-t-il eu sur vos activités ? Et comment jugez-vous le degré de maturité de cette réglementation pour soutenir le développement de ce marché ?
A fin 2023, l'AMF-UMOA avait autorisé quatorze (14) opérations de titrisation sur le marché financier régional, dont onze (11) opérations réalisées par ALC Titrisation. Il est également important de mentionner la consolidation de notre position de pionnier avec l'exécution de la première titrisation au profit d'une microfinance (COFINA) en 2018, suivie par la première titrisation de créances bancaires (NSIA Banque CI) en 2020, et plus récemment le premier Social Bond émis sur le marché financier de l'UEMOA pour le financement du Programme Électricité Pour Tous (PEPT) bouclé en fin 2023.
L'adoption par l'AMF-UMOA du cadre réglementaire sur la titrisation a offert une opportunité au groupe ALC d'élargir sa gamme de services financiers permettant ainsi à ses clients de diversifier leurs sources de financement et leur base d'investisseurs.
A fin 2023, l'AMF-UMOA a autorisé quatorze (14) opérations de titrisation sur le marché financier régional, dont onze (11) opérations réalisées par ALC Titrisation, en dehors des opérations de Sukuk. Nous avons été pionnier avec l'exécution de la première titrisation au profit d'une microfinance (COFINA) en 2018, suivie par la première titrisation de créances bancaires (NSIA Banque CI) en 2020, et plus récemment par le lancement du premier Social Bond émis sur le marché financier de l'UEMOA avec pour vocation de financer le Programme Électricité Pour Tous (PEPT) bouclé en fin 2023 ; de leader, malgré une concurrence extrêmement agressive.
La nature des transactions exécutées ainsi que la collaboration avec des acteurs de haut niveau et des investisseurs exigeants pour assurer la réussite des opérations de titrisation ont renforcé le savoir-faire de nos équipes.
Le cadre réglementaire offre une certaine flexibilité, avec un large éventail d'actifs titrisables et la possibilité de titriser des créances existantes ou futures, saines ou sous-performantes et des modalités de cession simplifiées au moyen du seul bordereau de cession. Ce dernier l'emporte de plein droit sur le transfert des suretés, garanties et accessoires attachés à chaque créance.
Le cadre réglementaire, devrait évoluer dans les prochaines années pour s'adapter aux défis nouveaux des acteurs économiques publics et privés, à l'instar des marchés plus matures.
Enfin, comme vous pouvez le constater, le marché de la titrisation est relativement jeune dans notre zone contrairement aux marchés occidentaux sur lesquels la titrisation a fait ses preuves depuis près de 60 ans Nous avons donc un gros effort des acteurs pédagogie à fournir sur auprès de l'ensemble des acteurs du marché et, particulièrement, au niveau des cédants potentiels et des investisseurs.
Nous croyons qu'au cours des prochaines années la titrisation se positionnera solidement au cœur de la stratégie de financement d'un grand nombre d'acteurs économiques de notre zone, comme une alternative au financement classique de nos économies.
Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels font face les entreprises dans l'UEMOA lorsqu'il s'agit de lever des fonds, et comment la titrisation répond à ces défis ? En tant que pionnier dans le domaine de la titrisation, comment cet instrument peut-il contribuer à améliorer l'accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME), souvent confrontées à des difficultés d'accès au crédit dans l'UEMOA ?
La suite de cette interview est à retrouver dans le 18è numéro de votre magazine téléchargeable gratuitement via ce lien ou par un simple clic sur l'image ci-dessous.
La Rédaction
Publié le 11/02/25 16:27
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :