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Depuis quelques semaines, le Tchad est confronté à une pénurie de ciment, entraînant une hausse significative des prix sur le marché. Selon des informations glanées auprès de médias locaux, le sac de ciment de 50 kg, autrefois vendu entre 8 000 et 8 500 FCFA, atteint désormais 12 000 à 13 000 FCFA. Les commerçants, déconcertés par cette augmentation soudaine, évoquent une pénurie de ciment et une hausse des prix chez les grossistes, les contraignant à augmenter leurs tarifs.
Face à cette situation, le ministre du Commerce et de l'Industrie, Guibolo Fanga Mathieu, a expliqué que cette pénurie est due à des difficultés d'approvisionnement en matières premières essentielles à la production de ciment, notamment le clinker, qui doit être acheminé par voie ferrée. Il a précisé que ''depuis le 17 février, un incident survenu sur la ligne ferroviaire de Camrail au Cameroun a entraîné des dysfonctionnements dans la chaîne d'approvisionnements. Les commandes, déchargées au port de Douala en raison de l'absence de façade maritime pour notre pays, n'ont pas pu être transportées dans les délais''.
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L'incident a été confirmé dans un communiqué publié par Camrail, sans toutefois évoquer la moindre incidence sur l'approvisionnement du marché tchadien en ciment. ''La Direction Générale de Camrail informe son aimable clientèle et l'opinion publique qu'en raison d'un incident survenu sur la voie entre les gares de Makor et de Bawa ce lundi 17 février 2025 à 7h45, le Train Couchette 191 parti de Yaoundé hier dimanche à destination de Ngaoundéré va marquer un arrêt prolongé en gare de Ngaoundal. La Direction Générale assure être consciente des désagréments conséquents et met tout en œuvre pour un retour rapide à la normale. La Direction Générale de Camrail compte sur la bonne compréhension de tous et réitère l'engagement de Camrail à servir dans les conditions optimales de sécurité'', peut-on lire dans ce document.
Par le passé, le Tchad a déjà connu des dysfonctionnements dans la disponibilité du ciment, notamment en raison de la faible production de la Société Nationale de Ciment (Sonacim). Construite en 2011 dans le Mayo-Kebbi Ouest, l'usine de Baoré devait initialement produire 200 000 tonnes de ciment par an, soit 700 tonnes par jour, afin de répondre aux besoins nationaux. Malheureusement, depuis le début de la crise économique en 2016, l'usine peine à atteindre ses objectifs de production.
Selon une récente intervention de Benoit Koye Ndaye, directeur adjoint de l'usine, ''l'usine fonctionnait déjà à perte avant la crise, en raison notamment de la baisse des prix de vente du ciment''. Pour tenter de maintenir sa compétitivité, les prix du ciment de résistance 32,5 et 42,5 avaient été réduits, mais ces mesures n'ont pas suffi à redresser la situation, et l'usine est actuellement confrontée à une pénurie de stocks.
Pour pallier cette insuffisance, l'offre est également assurée par la Cimenterie de Lamadji (Cimaf), située au nord de N'Djamena, avec une capacité de production de 700 000 tonnes par an. Cependant, malgré cette capacité théorique, le marché du ciment au Tchad demeure instable, avec des prix élevés et une disponibilité fluctuante.
En octobre 2023, le ministre des Mines et de la Géologie, Abdelkerim Mahamat Abdelkerim, avait été interpellé devant les Conseillers nationaux de transition concernant la production et la commercialisation du ciment au Tchad. Il avait indiqué que la production de la Sonacim avait chuté de manière significative, passant de 170 000 tonnes en 2021 à 44 672 tonnes en 2022, et à seulement 10 000 tonnes en 2023, en raison de difficultés d'ordre énergétique, d'équipements, de mauvaise gouvernance et d'intrants.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/03/25 15:46
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