Afrique : 212 milliards USD de flux financiers illicites enregistrés dans 6 pays entre 2000 et 2021

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Les flux financiers illicites (FFI) sont des mouvements transfrontaliers de fonds définis par le Fonds monétaire international (FMI) comme des fonds qui sont gagnés, transférés et/ou utilisés de manière illégale. Ces flux représentent d'énormes manques à gagner pour les pays du monde entier. Ils sont difficiles à suivre et à estimer par les pouvoirs publics en raison de leur nature clandestine et de leur diversité.

Les FFI prennent de nombreuses formes, allant de la corruption à la contrebande, en passant par la fraude fiscale et le financement du terrorisme. Ils privent les pays de recettes qui pourraient être utilisées pour investir dans des programmes essentiels tels que l'éducation, la santé, l'intégration des femmes et l'éradication de la pauvreté, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). De plus, ces flux illicites alimentent la criminalité organisée et la corruption, ce qui compromet l'État de droit et le fonctionnement des institutions et du système judiciaire.

Près de 212 milliards de dollars de flux financiers illicites estimés dans 6 pays africains

Selon les dernières données disponibles publiées par la CNUCED en juin 2023, les pays africains ont enregistré un montant total de 211,7 milliards de dollars de FFI entre 2000 et 2021. Cette étude met en lumière six pays spécifiques qui ont été particulièrement touchés par ces flux illicites. Il s'agit du Burkina Faso, du Gabon, du Ghana, de la Namibie, de l'Afrique du Sud et de la Zambie.

L'étude de la CNUCED révèle que le Burkina Faso a été affecté par des FFI liés aux exportations d'or entre le pays et l'Ouganda, ainsi qu'avec la Suisse. Entre 2011 et 2020, des flux financiers illicites entrants et sortants d'une valeur de 6,8 milliards de dollars ont été identifiés, principalement dans les secteurs des boissons, du pétrole et des minéraux, en raison de la fausse facturation commerciale.

Le Gabon, l'Afrique du Sud et la Zambie ont également été fortement touchés par les FFI. Au Gabon, entre 2010 et 2021, les flux financiers illicites générés par la fausse facturation commerciale se sont élevés à 65 milliards de dollars. En Afrique du Sud, les FFI liés à la fausse facturation commerciale ont atteint 62,3 milliards de dollars en 2017. Quant à la Zambie, les estimations indiquent des flux financiers illicites entrants et sortants de 44,9 milliards de dollars entre 2012 et 2020, également dus à la fausse facturation commerciale.

En Namibie, les estimations préliminaires provenant de la fausse facturation commerciale indiquent des flux financiers illicites entrants d'une valeur de 19,6 milliards de dollars et des flux financiers illicites sortants d'une valeur de 4,7 milliards de dollars entre 2018 et 2020.

Le Ghana a également été touché par les FFI, avec des estimations de 8 ,4 milliards de dollars de flux financiers illicites entrants et sortants entre le pays, les États-Unis d'Amérique et l'Union européenne, résultant de la fausse facturation commerciale. Ces chiffres couvrent la période de 2000 à 2012.

Ces données mettent en évidence l'ampleur des flux financiers illicites en Afrique et leurs conséquences néfastes sur les économies nationales. A titre d'illustration, certains pays en Afrique où les FFI sont élevés dépensent en moyenne 25% de moins pour la santé et 58% de moins pour l'éducation que les pays où les FFI sont faibles, selon un rapport antérieur de la CNUCED.

La fausse facturation commerciale est l'un des mécanismes couramment utilisés pour dissimuler ces flux illicites. Elle implique la manipulation des prix de vente, des quantités et d'autres éléments dans les transactions commerciales internationales, ce qui permet aux parties impliquées de transférer des fonds de manière frauduleuse.

Face à cette problématique, la lutte contre les flux financiers illicites est devenue une priorité pour de nombreux pays et organisations internationales. Des efforts sont déployés pour renforcer la transparence financière, renforcer les capacités des autorités nationales en matière de lutte contre la corruption, améliorer la coopération internationale et mettre en place des mécanismes de suivi plus efficaces.

En conclusion, les flux financiers illicites représentent un défi majeur pour les pays africains et pour l'économie mondiale dans son ensemble. Ils privent les pays de ressources vitales et alimentent la criminalité et la corruption. La lutte contre ces flux illicites nécessite une action concertée au niveau national et international afin de promouvoir la transparence, renforcer les mécanismes de surveillance et poursuivre les responsables de ces activités illégales.

Dr Ange Ponou

Publié le 23/06/23 14:34

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