Au Congo, l’italien Bonifiche Ferraresi veut exploiter 10 000 hectares de terres agricoles

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Le conglomérat agroalimentaire italien Bonifiche Ferraresi (BF) s'apprête à lancer un projet agricole d'envergure en République du Congo. Dans le cadre d'un partenariat public-privé, le groupe développera 10 000 hectares de terres à Malolo, dans la région de Dolisie, au sud-ouest du pays. Ce projet, porté par sa filiale technologique BF International Best Fields Best Food Limited (BFI), a pour ambition de renforcer la sécurité alimentaire nationale, tout en structurant durablement le tissu agricole local grâce à l'innovation, au transfert de compétences et à une gestion responsable des ressources foncières.

L'initiative s'inscrit dans le Plan Mattei pour l'Afrique, la stratégie de coopération renforcée entre l'Italie et les pays du continent. L'accord-cadre a été signé avec le gouvernement congolais, avec un financement conjoint du ministère italien des Affaires étrangères (MAECI) et le soutien technique du CIHEAM Bari. Bonifiche Ferraresi en est l'opérateur principal. " Cette initiative incarne notre vision d'une agriculture innovante, inclusive et durable ", a déclaré Federico Vecchioni, PDG du groupe, lors de l'annonce.

Si le montant exact de l'investissement n'a pas encore été communiqué, tout comme les filières précises ciblées, le modèle retenu repose sur une coopération public-privé à haute intensité technologique, déjà éprouvée par BF dans d'autres pays africains. En Algérie, le groupe développe depuis juillet 2024 un projet de 36 000 hectares dédié au blé et aux légumineuses, pour un investissement de 455 millions de dollars. Au Ghana, un projet multisectoriel lancé en août dernier couvre 5 000 hectares. Un autre est en cours de préparation au Rwanda, avec un accent particulier sur les cultures vivrières locales.

Ce nouveau projet s'aligne avec les objectifs stratégiques du gouvernement congolais, qui entend diversifier son économie encore très dépendante des hydrocarbures, lesquels représentent 90 % des exportations et 75 % des recettes budgétaires, selon les données officielles. Quatrième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, le Congo ambitionne de faire de l'agriculture un véritable levier de croissance. Le potentiel est considérable : moins de 3 % des 10 millions d'hectares de terres arables disponibles sont actuellement exploités.

Dans cette dynamique, plusieurs groupes internationaux s'activent déjà sur le terrain. Le géant italien Eni, historiquement présent dans l'énergie, développe depuis quelques mois un programme agricole à Loudima. Objectif : produire 30 000 tonnes d'huiles végétales par an (principalement à base de soja et de tournesol), destinées à ses bio-raffineries en Italie. Ce projet, qui devrait s'étendre à terme sur 100 000 hectares, s'appuie sur un modèle intégré combinant mécanisation, valorisation des co-produits et soutien aux agriculteurs via un agri-hub dédié, inauguré en mars.

Voir aussi - Sénégal : La société italienne Bonifiche Ferraresi va investir 134 millions d'euros dans l'agriculture

Dans le secteur vivrier, le projet de la Société Sheng-Sheng pour la Technologie Agricole au Congo (SSPTAC), à capitaux chinois, vient compléter l'écosystème. Spécialisée dans la transformation du manioc, l'entreprise exploite déjà plus de 5 000 hectares à Loudima et possède une usine d'une capacité de 18 000 tonnes de farine par an. L'objectif affiché est de couvrir jusqu'à 50 000 hectares, en s'appuyant à la fois sur des plantations industrielles et un réseau d'approvisionnement local, capable de fournir 20 000 tonnes de manioc frais par an.

Avec l'arrivée de Bonifiche Ferraresi et la montée en puissance d'acteurs structurants comme Eni ou SSPTAC, l'agriculture congolaise entre dans une nouvelle phase, orientée vers l'investissement productif, le développement durable et la montée en compétence locale. Une évolution qui pourrait redéfinir le rôle de ce secteur longtemps marginalisé dans l'économie nationale.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 08/04/25 16:09

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