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En dépit d'un environnement marqué par une insécurité persistante et des contraintes budgétaires élevées, le Burkina Faso continue de bénéficier du soutien du Fonds monétaire international. À l'issue d'une mission conduite du 1er au 8 avril 2025 à Ouagadougou, l'institution financière et les autorités burkinabè ont trouvé un terrain d'entente sur les orientations économiques et financières du pays, ouvrant la voie à un nouveau décaissement d'environ 32 millions de dollars, soit 19 milliards FCFA.
Ce financement, accordé dans le cadre du programme triennal appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC), porterait à 128 millions de dollars le montant total déjà décaissé depuis le démarrage de l'accord, en septembre 2023. Le programme, d'un montant global de 302 millions de dollars (soit 228,76 millions de DTS), vise à soutenir la stabilité macroéconomique, la résilience et les réformes structurelles du pays.
Des progrès notables sur fond de défis sécuritaires
Malgré les contraintes liées au contexte sécuritaire et humanitaire, les signaux économiques sont encourageants. La croissance est estimée à 5% en 2024, portée par la vigueur de l'agriculture et des services. L'inflation, quant à elle, devrait ralentir à 3% en 2025 après avoir atteint 4,2% cette année.
Le chef de mission du FMI, Jaroslaw Wieczorek, a salué les efforts ‘'considérables'' des autorités burkinabè pour avancer sur le chemin des réformes, en particulier en matière de mobilisation des ressources internes, maîtrise de la masse salariale, et renforcement des dépenses sociales dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la protection sociale.
Des progrès sont également signalés sur la transparence budgétaire et la gestion des arriérés intérieurs, avec l'élaboration d'une stratégie spécifique visant leur apurement. Des engagements ont été pris pour améliorer davantage la gouvernance, notamment dans les marchés publics et l'exécution budgétaire.
Une trajectoire budgétaire encore fragile
Cependant, les équilibres restent fragiles. Le pays n'a pas atteint plusieurs cibles fixées pour décembre 2024, notamment le respect du plafond du déficit fiscal primaire et la réduction des arriérés intérieurs. Le déficit budgétaire global, attendu à 5% du PIB, a été dépassé, en raison notamment des pressions croissantes sur les dépenses sécuritaires.
Face à cette situation, le gouvernement a adopté un budget 2025 plus restrictif, avec pour objectif de ramener progressivement le déficit sous le seuil communautaire de 3% du PIB, fixé par l'UEMOA. Toutefois, le FMI plaide pour une consolidation plus mesurée afin d'éviter des coupes budgétaires trop brutales. Ainsi, un déficit de 4% du PIB pourrait être toléré en 2025, sous réserve de financements externes supplémentaires équivalant à 0,7% du PIB.
Une perspective élargie avec le Fonds de résilience
En parallèle, des discussions préliminaires ont été amorcées autour d'un éventuel recours au Fonds de résilience et de durabilité (RSF), un mécanisme du FMI destiné à renforcer la résilience des pays face aux chocs climatiques et structurels. Cette perspective pourrait ouvrir une nouvelle phase de coopération entre le Burkina Faso et l'institution de Bretton Woods.
La mission du FMI s'est entretenue avec plusieurs autorités nationales, dont le ministre de l'Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, le directeur national de la BCEAO, Armand Badiel, ainsi qu'avec des représentants du secteur privé et des partenaires techniques et financiers.
Alors que le Conseil d'administration du FMI doit statuer en juin 2025 sur la validation de cette troisième revue, les autorités burkinabè jouent une partition délicate : poursuivre l'assainissement des finances publiques, tout en maintenant l'effort social et sécuritaire.
La Rédaction
Publié le 10/04/25 10:14
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